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Dobro Pojalovat - Littérature LGBT

Dobro Pojalovat - Littérature LGBT

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11 novembre 2014

Le bal des hommes - Gonzague - Tosseri

Le bal des hommes

Extrait sur la quatrième de couverture :

"Des bars coloniaux de la rue de Lappe aux établissements de bains de la rue Saint-Lazare, des promenoirs du Gaumont, sur les Grands Boulevards, aux pissotières de la gare du Nord, des michetonnneurs de la porte Saint-Martin aux masseurs de la Folie-Méricourt, tout ce que Paris comptit de vénélité mpale connaissait les ciseaux de ses grandes jambes et la manière singulière que Blèche avait de fondre sur ses proies pour les interroger, en les fixant avec intensité.

Ses collègues de la Mondaine étaient réputés pour leur habitude de jouer aux idiots avec les tauiers, de finasser, d'insinuer qu'ils en en savaient plus qu'ils paraissaient en dire, à croire qu'on leur avait enseigné que les menaces sont plus lourdes et les dégelées plus terrorisantes quand elles sont pratiqués par des flics à l'air bonasse. Blèche, lui posait des questions brèves et tranchantes, qui sortaient à une vitesse stupéfiante de sa bouche sans que cela fit vaciller ses moustaches noires"

 

 L'histoire  proprement dite :

Une nuit de 1934, un inconnu pénètre dans le zoo de Vincennes, abat et émascule deux fauves avant de prendre la fuite. Les autorités sont convaincues que les pénis tranchés vont alimenter un trafic d'aphrodisiaques destiné aux homosexuels parisiens.

L'affaire est confiée à l'inspecteur Blèche. Cet homme glacé, doté d'une intelligence supérieure, est chargé à la Brigade Mondaine de surveiller les "invertis". Son enquête le conduira à exhumer de dangereux secrets dans le "gay Paris" des années 1930, monde extraordinaire à jamais disparu.

 

Editions : Robert Laffont - ISBN : 9 782221 145883 - Broché : 278 pages - Prix : 18,50 euros

 

Mon avis : Volodia

Ce qui m'a attiré dans ce livre, c'est d'abord le titre puis la quatrième de couverture assez alléchante, il faut bien l'avouer. Une histoire policière située dans ce milieu et à cette époque avait tout pour attiser ma curiosité.

Si j'ai trouvé l'intrigue assez bien amenée et menée, avec des rebondissements liant les uns aux autres les évènements de cette période où se mêlent des réminiscences de la guerre 14-18, le monde "souterrain" et interlope de Paris, l'opium, les turpitudes d'un Président de la République, d'un Gérant de Cabaret, les mouvements d'extrême droite : Les Camelots du Roi et les Croix de Feu. Tout ce mélange d'histoire romancée et faits historiques rendent ce livre passionnant. Quant au héros, l'inspecteur, Blèche, s'il ne correspond pas forcément aux critères de ses confrères, il n'en est pas moins sensible, comme eux, "aux enveloppes" à partir du moment où il reste le maître de la sollicitation et qu'il peut les faire disparaître sans laisser de trace.

Toutefois, car bien évidemment, il y a un mais, je ne sais si c'est pour être dans le ton de l'époque ou si c'est leur pensée profonde qui a pris corps lors de la rédaction de ce livre, mais les auteurs, présentent et parlent dans ce livre, des homosexuels comme des pervers, drogués, passant leur temps à copuler dans la plus grande débauche et capables de toutes les bassesses. Les termes employés pour les désigner sont non seulement d'un grand mépris doublé d'une violence peu commune. Et il est difficile lorsqu'on est homosexuel de ne pas en être outré, blessé et humilié. 

  

Gonzague et Tosseri

A propos des Auteurs:

Armand Gonzague 36 ans est journaliste au Nouvel Observateur

Olivier Tosseri, 30 ans est journaliste correspondant à Rome pour Télé et Canal +, RMC et l'Opinion.

Tous les deux sont férus d'histoire et c'est leur premier roman.

 

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15 octobre 2014

Des nouvelles d'Edouard - Michel Tremblay

Des nouvelles d'Edouard

Quatrième de Couverture :

La grande Duchesse de Langeais ne régnera plus sur les nuits chaudes de la Main. La reine des travestis, qui a tout enseigné aux Créatures du célèbre cabaret Coconut Inn, trouve la mort en plein coeur du Red Light de Montréal. Mais Edouard, son alter égo diurne, laisse en héritage le précieux journal de son voyage à Paris en 1947.

La ville qui a nourri son imaginaire pendant si longtemps, par les romans de Zola et de Balzac, par les chansons de Lucienne Boyer, par les films de Pierre Fresnay, s'incarne dès son arrivée gare Saint Lazare.

C'est à sa belle-soeur, la Grosse femme, qu'il destine son journal, mais devant tant de beautés et d'émotions fortes, la solitude pèsera bien lourd sur les épaules de la Duchesse.

Editions : Babel - ISBN : 978 2 7609 1836 6 - Poche : 321 pages - Prix : 8,70 €

 Mon avis : Volodia

Pour information  :

Ce livre est le quatrième tome des Chroniques du Plateau-Mont-Royal et fait suite à "La Duchesse et le Roturier", mais à mon avis, il peu se lire indépendamment des autres.

Le roman commence à la mort d’Edouard, assassiné dans un parking sordide, par Tooth Pic, homme de main de Maurice, Patron du Cabaret de travestis « Le Coconut  Inn » Travesti vieillissant, à la langue bien acérée et aux répliques citronnées, Edouard, homosexuel canadien d’origine modeste, vendeur de chaussures dans un quartier élégant le jour, est travesti la nuit sous le nom de la Duchesse de Langeais (nom choisi en raison de son amour pour la culture française). Personnage haut en couleur, auréolé de légendes, il régnait depuis longtemps sur les travestis de la rue Saint Laurent et s’était attiré les foudres de nombre d’hommes du milieu.

A la mort de la Duchesse de Langeais, terrorisée par une époque ou médecins et chirurgiens pouvaient créer d’un homme une presque femme qui reprendrait le flambeau de sa folie douce, le quartier de la « Main » à Montréal portera un certain temps le deuil de celle qui en disparaissant les laissait dans le désarroi, mais c’était sans compter le journal  qu’Edouard avait écrit lors de son voyage à Paris en 1947, qu’Hosanna et Cuirette découvriront, liront et feront connaître.

Edouard raconte son départ pour Paris, grâce à un héritage de sa mère. Ville qu’il ne connait que par les films et les acteurs, mais dont il rêve et où il espère bien trouver sa place.  Il y décrit sa traversée de 10 jours sur le bateau « Le Liberté », en première classe et ses différentes rencontres avec des passagers d’un milieu social plus élevé que le sien. Ce qui donne lieu à des situations cocasses. Son arrivée au Havre ville bombardée en reconstruction puis, Paris, encore sous tickets de rationnement. Tout est pour lui sujet d’étonnement, les noms de rues, qui ne sont pas des Saints de quelque chose…., les façades décrépites des immeubles, les restaurants où on ne peut dîner qu’à partir de 7 heures, le métro dont les effluves d’urine prennent à la gorge, les rues réservées avec les « guidounes » bien en vues, etc… le tout sur un ton très jubilatoire.

 Mais ce récit nous confronte au portrait des divers milieux sociaux entre personnes ordinaires et parvenus. Malgré tous ses efforts, Edouard souffre de solitude. Il n’a personne avec qui partager ce qu’il voit. Seul au milieu d’une aventure trop grande pour lui, Mourant d’ennui de peur et de frustration, exclu d’une culture qu’il avait rêvée, en raison de son accent et de l’acculturation générale dont sont victime les Québécois à la fin des années 1947. Tout cela le pousse à rentrer en catastrophe au Canada après avoir passé seulement 36 heures à Paris.

 Toutefois n’étant pas prêt pour affronter sa famille suite à ce voyage raté et ne voulant pas passer pour un sans allure, un gaspilleur, il va s’enfermer dans une chambre d’hôtel le temps qu’aurait duré son séjour, pour s’inventer un voyage fantastique qu’il mettra « bien au point » pour le servir à tout le monde en rentrant en Montréal. Mais loin de choquer ses amies, la découverte de cette humble vérité qui contraste violemment avec celle qui était devenue l'âme de la Main, élève celle-ci au rang de légende.

J’ai adoré ce livre, la verve et l’humour d’Edouard son accent, qui m’a donné pour quelques heures, l’illusion de parler à mon tour le français comme un canadien. Mais j’ai aussi été peiné de ses déboires. Bref, Edouard alias la Duchesse de Langeais est un personnage au combien attachant. 

17 août 2014

Un garçon près de la rivière - Gore Vidal

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Quatrième de couverture :

Deux adolescents, Jim Willard et Bob Ford, découvrent l’amour physique avant de se séparer à la fin de l’été. Pendant les années qui suivent, au cours d’un périple américain qui le mènera à vivre sur un cargo au large de l’Alaska, puis chez une star d’Hollywood dans les années 30, et à New york parmi les écrivains du Village, Jim Willard tentera de retrouver le moment de grâce qui a marqué la fin de son enfance.

Editions : Payot-Rivages – ISBN : 9 782743 604745 – Poche : 242 pages – Prix : 9,15 euros.

Mon avis : Volodia

Dans ce roman l'auteur met en scène de façon explicite des personnages homosexuels. Ce qui pour l’époque fit de ce livre un pionnier de la littérature lgbt et si le scandale provoqué par sa publication s’est depuis longtemps émoussé, reste que l’auteur a longtemps été mis à l’index.

Dans l’Américaine puritaine des années 1940 on ne pouvait concevoir qu’un homme viril soit homosexuel, ni qu’il tombe amoureux d’un homme viril lui-aussi.  La vision du gay (puisque déjà à l’époque ils se dénommaient ainsi) se résumait à la tapette, folle parmi les folles, maniérée, le verbe haut perché, voire, le travesti d’où le trouble et le malaise provoqués à la sortie de ce roman en 1948.

Bob et Jim sont étudiants, à la fin de l’année scolaire après la remise des diplômes, ils partent camper et par un concours de circonstances inattendu et involontaire, vont trouver « un état de grâce » dans les bras l’un de l’autre.

En fait, seul Jim est homosexuel et amoureux de Bob qui lui, inconscient et insouciant se « laisse aimer » par affection ce qui fait une différence.

Bob désirant voyager s’engage dans la marine marchande, Jim se donne un an avant de partir lui aussi découvrir le monde. Au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres, il occupera divers emplois dont celui de professeur de tennis dans un hôtel de luxe avant de devenir le « petit ami » d’une star vieillissante d’Hollywood, puis d’un écrivain raté. Il rencontrera une croqueuse d’hommes Maria avec qui, malgré les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, se signera son impossibilité de l’amour hétéro.

Désirant toujours rejoindre Bob, il s’engagera dans l’armée d’où il sera réformé pour un problème de rhumatisme articulaires et échouera à New York pour gagner quelque argent afin de concrétiser un désir : ouvrir une école de tennis. Il y retrouvera ses anciens amants et amis, qui l’introduiront dans le monde des personnes en vue de la mode, et de la culture,  mais également celui interlope des homosexuels. – s’ensuit une description assez jouissive des conversations, des codes de reconnaissances entre homos (de nos jours, tout ça fait un peu clichés, mais pour l’époque 1930-1950) c’était nouveau pour les non initiés.

Mais toutes ces rencontres n’ont qu’un but, le rapprocher de Bob car c’est toujours lui qu’il recherchera à travers ses rencontres. Au bout de sept ans, d’errances, il finira par rentrer dans la ville de son enfance ou il apprendra que Bob revenu également chez lui s’est transmué en mari et père.

Espérant envers et contre tout retrouver une « connivence » longtemps rêvée et sublimée avec Bob, il tentera des avances qui seront repoussées par celui-ci horrifié. Submergé de rage et de désirs, Jim le violentera avant de refermer la porte sur son passé et de s’échouer dans un des nombreux bars ou les hommes viennent en chasse.

En fermant ce livre je m’aperçois que peu de choses ont changé. Oh bien sûr l’homosexualité est plus facilement assumée à notre époque, nous avons des bars ouvertement gays et plus besoin de femmes pour jouer les cache-tapettes. La drague aussi a évolué, plus directe, pour certains inutiles de faire connaissance, un main « bien placée » et tu sais à qui tu as affaire et ce que l’autre est venu chercher. Tu es devenu comme tant d’autres choses un objet de convoitise et de consommation. Ce qui n’a pas bougé, malgré les années, c’est la « haine » de la vieille tante, le vieux beau qui s’accroche, qui ne comprends pas que son temps est passé, mais lucide il sait qu'il lui faudra payer pour avoir l'illusion d'être aimé, même pour quelques heures. Nous sommes sans pitié !

22 juin 2014

Deux garçons - Philippe Mezescaze

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Quatrième de couverture :

Le narrateur a dix-sept ans et vit à la Rochelle chez sa grand-mère lorsqu’il croise le jeune Hervé Guibert, quatorze ans, un cours de théâre. L’attirance est immédiate et réciproque. Dans une scène de Caligula toute en intensité et en fureur, leur entourage subjugué découvre l’évidence en même temps queux : la rage et la passion dépassent largement la scène. Les deux garçons viennent de se reconnaître, comme si leur rencontre était programmée de toute éternité.

Dans ce récit au jour le jour d’un premier amour, Philippe Mezescaze évoque avec beaucoup de sincérité la passion naissante entre deux adolescents qui ne doutent jamais de leurs désirs.

Editions : Mercure de France - ISBN : 9 782715 234802 - Broché 119 pages - Prix : 13,80 euros

Mon avis : Volodia

Je n’ai pas aimé ce livre dans lequel Philippe Mezescaze, n’est pas très honnête en racontant cet épisode de sa vie, et se donne le beau rôle en faisant passer Hervé Guibert pour un gamin capricieux, tyrannique.

En effet, s’il est vrai que le coup de foudre a été réciproque, il reste que l’auteur plus âgé au moment de la rencontre a profité de l’amour inconditionnel de son jeune ami tant physiquement que moralement.

Je suis certainement partial, mais il me reste en mémoire le livre d’Hervé Guibert intitulé : Mes Parents, dans lequel il raconte ses premiers émois avec Philippe Mezescaze et les souvenirs qu’il lui en reste ne sont guère à l’honneur de celui-ci, qui se montre parfois cruel sans raison, en lui disant qu‘il a brûlé ses lettres, qu‘il a connu un jeune garçon à Fez au Maroc et le rabrouant méchamment parce que sexuellement il ne sait rien faire. Mais Guibert a pour excuse son jeune âge, et la nature n’est pas impartiale lorsque elle accorde ses faveurs. Il aurait fallu à Mezescaze un peu de patience, ce dont il manquait visiblement.

Ci-dessous le lien sur le livre "Mes parents" de Hervé Guibert

http://chezvolodia.canalblog.com/archives/2010/02/21/16988638.html

 

22 juin 2014

Retour parmi les hommes - Philippe Besson

 

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Quatrième de couverture :

En 1923, après des années d’errance, Vincent retrouve à Paris la compagnie des hommes. Dans cette ambiance « années folles », difficile de reconnaître la vie de son enfance. Sa rencontre avec Raymond Radiguet, dandy génial et noctambule extravagant, donne à sa vie une tournure inattendue. Mais le malheur guette l’enfant du siècle et ne tarde pas à frapper de nouveau.

Editions : 10/18 - ISBN : 9 782264 0556849 - Poche 180 pages - Prix : 7,10 euros.

Mon avis : Volodia

Ce livre fait suite au livre du même auteur « L’absence des Hommes » mais, à mon sens, ils peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre.

Dans ce volet, nous retrouvons notre jeune aristocrate, qui pour fuir la douleur provoquée par la mort au cours de la première guerre mondiale de son ami Arthur, va errer à travers le monde, de pays en pays, passant les frontières, sans arriver à trouver la paix, pour finir par se poser en Amérique ou il va accepter n’importe quel emploi pour survivre.

Sa famille qui n’a cessé de le chercher durant sept ans, va finir par le retrouver, grâce à son nom si français « Vincent de l’Etoile » qu’il n’a pas jugé bon de changer à son arrivée à Ellis Island. Il accepte donc de revenir chez lui, mais subit régulièrement les remarques acerbes de sa mère, qui le juge responsable du décès de son père, durant son absence.

Son retour en France coïncide à la période des années folles et lui fait découvrir un monde qui souhaite oublier la guerre, la boue, les morts en s’étourdissant dans un tourbillon de lumières et de fêtes. D’abord spectateur de ce qui se passe autour de lui, il devint acteur en faisant connaissance avec Raymond Radiguet, jeune écrivain prodige de 20 ans, dont le premier livre parut avec succès : Le diable au corps, suivi d’un second non moins prometteur : Le bal du comte d’Orgel, le tout parfumé de scandale, qui l'entraine à sa suite à la découverte des grandes figures de l'époque.

Il devient intime du jeune homme, hétérosexuel, aimé par ailleurs de Bronia, jeune modèle polonaise et de Jean Cocteau qui ne peut contenir sa jalousie vis-à-vis de la jeune fille. Vincent se reconstruit lentement auprès de Radiguet qui pour lui incarne l‘avenir, mais celui-ci tombe malade et meurt précocement d‘une fièvre typhoïde. Vincent n’ose pas se rendre à l’enterrement. A quel titre irait-il ?, il se contente de suivre de loin en pensée.

Entre interrogation et culpabilité, il note : «  les morts me rendent la vie ».

Même si dans ce volume il n’y a pas vraiment d’action, de surprise, l’auteur s’attache à nous dépeindre les sentiments éprouvés, les émotions ressenties par ses divers personnages. Différent du premier livre, mais absolument pas décevant. C‘est fin, délicat, plein de pudeur et de sensibilité. Bref j‘ai aimé.

Ci-dessous : lien du livre en "l'Absence des hommes "

http://chezvolodia.canalblog.com/archives/2014/03/18/29467275.html

 

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17 juin 2014

Aimer - René de Ceccatty

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Quatrième de couverture :

"Que reste-t-il d'un amour, en dehors du temps qui passe au moment où il passe, une fois que l'on a esquivé l'affrontement des amants, une fois que s'est dissipé le trouble de sa présence, la terreur de perdre l'autre ?

Maintenant que je sais que j'ai perdu Hervé, maintenant que je vois écrite la rupture et que rien ne peut renverser l'ordre du temps, je ne crains plus qu'un mot dangereux ne l'éloigne de moi. Je n'ai plus peur. Cela me donne une grande force. Je peux écrire au présent. J'ai perdu toute nostalgie parce que l'avenir m'a définitivement échappé".

 

Editions : Folio - ISBN : 2 07 040448 X - Poche 260 pages - Prix : 7,70 euros.

 

Mon avis : Volodia

Suite au décès d'une amie, écrivain britannique, Harriet Norman, qui a fait de lui son exécuteur littéraire, l'auteur se rend en Angleterre.

Dans le train qui l'emmène dans le Devon, l'auteur fait la connaissance de Ishmaël, qui intrigué par sa lecture du roman de Harriet Norman, engage la conversation. Marié, hétérosexuel, il s'avère qu'il est aussi l'avocat d'Harriet, qu'il se rend au même endroit que lui et lui propose donc de le déposer chez le notaire s'occupant de la succession de la romancière.

Toutefois, le manuscrit posthume que celle-ci souhaitait voir publier, s'il le jugeait nécessaire, était inspiré d'une période douloureuse de sa vie qu'il avait eu la faiblesse de lui confier à travers de nombreuses lettres.

A la lecture de celles-ci des réminiscences de sa liaison avec Hervé, médecin homosexuel refoulé, ayant un besoin maladif d'être aimé mais incapable de donner en retour, obnubilé par le paraître et dans un déni perpétuel, qui lui envoyait des lettres enflammées dès qu'il faisait mine de s'éloigner et l'humiliait en se refusant à lui et en le "cachant" à ses connaissances ; Il décide de brûler le manuscrit tout en éprouvant la nécessité de donner à l'histoire qu'il a vécu ses propres mots et son vrai sens. Il l'a raconte donc à Ishmaël.

Y a-t-il douleur amoureuse plus profonde et plus radicale que celle de vouloir s'obstiner à être aimé par quelqu'un qui vit cet amour comme une aliénation, un malheur ?

J'admire l'auteur pour l'instrospection de ses sentiments ; D'avoir eu assez de finesse pour analyser également ceux de son compagnon : Pour son courage à mettre fin à une liaison qui s'étiolait dans une longue litanie de récriminations et de rancoeurs de sa part et qui n'était qu'une succession d'humiliations ; De son effacement en faisant croire à "l'autre" qu'il avait cessé de l'aimer, et ce afin de le dédouaner d'une quelconque culpabilité. 

27 avril 2014

L'enfant criminel de Jean Genet

l'enfant criminelQuatrième de couverture :

"Que l'on veuille bien comprendre , et l'excuser, mon émotion, quand je dois exposer une aventure qui fut aussi la mienne. Au mystère que vous êtes il me faut opposer, et le dévoiler, le mystère des bagnes d'enfants.

Epars dans la campagne française, souvent dans la plus élégante, il est quelques lieux qui n'ont pas fini de me fasciner. Ce sont les maisons de correction dont le titre officiel et trop poli est maintenant : "Patronage de relèvement moral centre de rééducation, maison de redressement de l'enfance délinquante, etc.".

 

Mot de l'éditeur :

Interdit de diffusion à la Radio française, L'enfant criminel appartient à la première période de l'oeuvre de Jean Genet, celle pendant laquelle il écrivit ses quatre romans, ses poèmes et ses premières pièces de théâtre. Nous le rééditons avec les deux photographies qui figuraient dans l'édition originale de 1949 et une note retraçant le contexte dans lequel il fut écrit, puis censuré et enfin publié.

 

Editions : L'arbalète Gallimard - ISBN : 978-2-07-014485-3 - Poche : 56 pages - Prix 7,90€

 

Mon avis : Volodia

Je n'ai pas aimé à ce livre, qui sous couvert de dénoncer l'hypocrisie de la société et sa morale bourgeoise, exalte le mal, la perversion, l'homosexualité, un certain érotisme pour ne pas parler de pornographie, à travers la célébration de personnages ambivalents au sein d'un monde interlope.

Dans ce livre Jean Genet se veut choquant. Il piétine toute morale et défit la société qui croit-il l'a rejeté mais dont il s'est exclu lui-même. Fugueur, puis voleur, prostitué travesti, puis mendiant, il connait toutes les prisons d'Europe.

Jean Genet n'a jamais surmonté le traumatisme d'avoir été abandonné et il n'aura pour cela de cesse de le faire payer la société. Pourtant l'Assistance Publique fait tout pour éviter l'exclusion sociale de ses pupilles. Son objectif est de leur donner des bases d'éducation, de les enraciner dans un région, un village par le biais d'un apprentissage professionnel dans l'agriculture, l'artisanat. Et Jean Genet a été plutôt privilégié en ce sens puisqu'il a pu faire de bonnes études primaires. Puis a été placé dans un lycée professionnel dont il a fugué aussitôt. 

Diagnostiqué, suite à cette fugue, par des psychiatres de l'hôpital Saint Anne, comme débile,  avec une instabilité mentale nécessitant une surveillance spéciale, il est envoyé dans la colonie agricole pénitentiaire de Mettray pour cause de vagabondage. A partir de là commence réellement l'exclusion sociale. Il se retrouve immergé dans un univers de violence. Il s'engage dans l'armée, puis déserte, puis après des années d'errance se clochardise, vols et prison dès 1930.

L'assistance publique et la colonie agricole conçue par la Troisième République pour intégrer les enfants en déshérence, à fabriquer d'honnêtes citoyens ont montré un tout autre visage : la stigmatisation.  Car la France de 1930, cette mère secourable considère le vagabondage comme un délit, la pauvreté un crime l'homosexualité une perversion, l'illégitimité une tare de naissance.

Si son enfance a été difficile, elle n'a pas été dramatique au regard de ce que d'autres enfants abandonnés ont subi (le faim, le froid, le placement très jeunes comme valet de ferme, etc...) . Il a choisi la facilité du crime et s'en est glorifié.....Plus encore que son choix, je ne peux adhérer à sa vision des choses, et ce malgré tout son talent d'écrivain basé sur ces expériences vécues et revendiquées.

 

4 avril 2014

En finir avec Eddy Bellegueule

Eddy bellegueuleQuatrième de couverture :

"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je ne n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait.

Je suis allé dans les champs, j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraicheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici".

En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite, j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

 

Editions : du Seuil - ISBN : 9 782021 117707 - Broché 220 pages - Prix 17 euros.

 

 

Mon avis : Volodia

Ce livre soit on l'aime, soit on le déteste. Mais en aucun cas, il ne peut laisser indifférent ou faire place à un sentiment mitigé. Pour ma part je l'ai aimé.

L'auteur indique sur la couverture "roman" mais à mon sens, il s'agirait plus d'une autobiographie romancée ce qui n'est pas tout à fait la même chose, car si certains faits peuvent paraître "exagérés", il n'en reste pas moins que le fonds sonne juste.

Edouard Louis nous envoie, en pleine figure, son enfance et son adolescence, passées dans un village de province, en l'occurence la Picardie, marqué par la misère sociale : la pauvreté matérielle bien sûr, mais surtout intellectuelle et morale.

Sa manière d'être qui dès l'enfance le démarque de sa famille et des autres garçons du village. Maniéré sans le vouloir,  faisant de grands gestes pour accompagner ses paroles, un déhanchement significatif lorsqu'il se meut le fait qualifier de "bizarre" avant d'être identifié comme "PD" par des camarades d'écoles.

Les parents complètement dépassés par leur fils et ne sachant comme s'y prendre lui font souvent des "remarques",  idem les copains, amis et relations dans le village. Seuls deux gamins de son école osent l'insulter et le maltraiter. Ce qu'il accepte comme un fatalité. Il attend du reste tous les jours, dans un couloir peu fréquenté de cette école, l'humiliation suprême, des coups, d'un crachat sur la manche de sa veste qu'il se devra de ravaler.

Ce livre écrit avec ses tripes a déchainé les passions, bonnes ou mauvaises, car il s'en dégage une force inattendue. C'est la révolte d'un jeune homme de 20 ans éructée avec toute la honte et la violence des humbles et des humiliés. Pas de temps de ménager la dignité des uns et des autres. Il fallait que cela sorte pour ne pas sombrer ni continuer à se mépriser.

Je pense toutefois que si Edouard avait écrit son livre quelques années plus tard, l'impact n'aurait pas été le même, car l'écriture aurait été toute autre. Il aurait eu le temps du recul, relativisé ses séances de tortures morales infligées par ses camarades. Il n'aurait pas eu l'audace, certainement par pudeur, de détailler ce "milieu" d'où il vient, ou l'ambition des hommes se résument à entrer à l'usine, comme leur père avant eux, celles des filles à être caissière au supermarché du coin. C'est également parce qu'il s'en est "sorti" en faisant des études qu'il s'est rendu compte de ce à quoi il avait échappé, et qu'il peut se permettre lui et pas un autre de le raconter.

Nous savons tous qu'il existe un monde à deux vitesses, fait de différences sociales plus ou moins importantes selon que l'on est de la ville, de la banlieue et/ou de la campagne, selon le bagage intellectuel et/ou l'éducation reçue. La différence sociale a toujours existé et existera toujours. Nous aimons en lire les descriptions, comme pour nous conforter dans nos opinions voire nos certitudes (notre côté voyeur sans doute),  mais ne voulons surtout pas la voir et encore moins la côtoyer de peur qu'elle nous contamine. Il est tellement plus facile de juger.

En lisant ce livre, je n'ai pu m'empêcher de penser que ce récit pouvait être appliqué partout dans le monde et dans n'importe qu'elle province.  Ici, Eddy était pris à partie car supposé homosexuel, mais il aurait pu être noir, juif, handicapé, le résultat aurait été identique, car malheureusement plus on vit dans un milieu bas intellectuellement (je ne dis pas pauvre financièrement, car cela n'a rien à voir) plus les gens sont primaires, méchants, à croire qu'ils font payer à plus malheureux qu'eux leur détresse personnelle.

Une remarque positive pourtant sur cette province, Eddy est entré lycée dans une ville de province où il a été de suite intégré, s'il avait vécu à Paris  ou était entré dans un lycée parisien, je ne suis pas convaincu qu'il aurait été accepté, non en raison de son homosexualité présumée, mais par mépris de la classe sociale d'où il venait.

 

18 mars 2014

En l'absence des hommes - Philippe Besson

En l'absence des hommesQuatrième de couverture :

Eté 1916, Vincent découvre la passion dans les bras d'Arthur, jeune soldat qui tente d'échapper pour quelques jours à l'horreur des tranchées. Dans le même temps, il ébauche une affection amoureuse avec l'écrivain mondain Marcel Poust.

Le temps de ce bel été, l'un va devenir l'amant, l'autre l'ami. Comme deux fragiles éclats de bonheur au milieu de la tragédie.

 

Editions  : 10/18 - ISBN : 978 2 264 05685 6 - Poche : 215 pages - Prix 7,10 euros.

 

Mon ressenti : Volodia

Cette histoire nous est contée par le biais d'un journal tenu par le jeune intéressé et des lettres qu'ils adressent et lui sont adressées par ses ami et amant.

Né au début du siècle,  Vincent de l'Etoile à 16 ans lors de la grande guerre. Trop jeune pour être appelé sous les drapeaux, ce jeune homme de 16 ans, aux yeux vert, aux cheveux noirs et au teint de fille, rencontre dans un salon, un écrivain célèbre dont il suscite l'attention, sans avoir rien fait. Une amitié se noue, non charnelle, simplement parce que le grand écrivain subodore en Vincent un jeune homme exceptionnel. Ils se comprennent au travers des silences de Vincent.

Parallèlement, Vincent fait la connaissance d'Arthur, le fils de la bonne. Ce jeune homme a qui il n'a jamais adressé la parole, âgé de 20 ans est engagé dans la guerre et amoureux depuis de nombreuses années du jeune homme. C'est au cours d'une permission de sept jours qu'il osera avouer son amour. Celui-ci trouvera une réciprocité dans les bras de Vincent, mais avec toujours en filigrane : la guerre, les tranchées, les gaz, la boue et la mort mettant fin à cette boucherie inutile et absurde.

Vincent tient secrètes ses amitiés tant envers l'un qu'envers l'autre. Ce n'est qu'au moment ou se raréfient les lettres venant du front, et ou son inquiétude est à son comble,   qu'il dévoilera à Marcel son amitié intime pour Arthur, et à Arthur le réconfort moral que lui procure l'amitié platonique et affectueuse sinon amoureuse de Marcel.

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui est admirablement bien écrit, avec une certaine forme de sensualité, plein de pudeur, de délicatesse. Son originalité, d'imaginer une rencontre entre Marcel Proust, écrivain reconnu et vieillissant de 45 ans avec un jeune homme doté d'un nom à particule et âgé de 16 ans. Considéré comme suffisamment jeune pour échapper à la guerre, mais déjà adulte pour assumer ses choix, sans s'occuper, des autres, ni de leur morale.

La fin du livre est inattendue, à rebondissements ....A lire impérativement !

17 mars 2014

Rachid O

plusieurs vies RACHID OQuatrième de couverture :

"L'été 1990, je suis allé Suisse chez Vincent dont j'étais tombé amoureux. C'était la première fois que je prenais l'avion. J'étais fou de joie, d'une part de prendre un avion, et d'autre part parce que pour la première fois je sortais du Maroc pour aller en Europe.

Je ne connaissais pas très bien Vincent, je l'avais connu pendant quatre heures à peine, marchant sur la plage à Rabat. C'était au mois de mai, nous étions tous les deux à marcher sur la plage. Il visitait le Maroc avec des amis à lui. La seule chose qu'il faisait tout seul et qui lui faisait plaisir, c'était de se balader sur cette place, il en avait assez de tout faire avec eux.

On avait parlé pendant très longtemps sur cette plage, trois heures, et ensuite on était allé prendre un verre et je l'avais trouvé très agréable. Il avait des dents très belles qui m'avaient frappé. Je lui avais dit, d'ailleurs. Il m'avait répondu qu'il était dentiste. Je trouvais qu'il n'y avait pas de raison d'avoir de belles dents parce qu'on était dentiste, et le lui ai dit : "Elles sont fausses alors ?" Ca l'avait fait rire.

 

Editions : Folio -  ISBN : 9 782070 404537 - Poche :  152 pages - Prix 5,50 euros.

 

Mon avis : Indiangay

C'est le deuxième livre biographique de l'auteur, mais bon, il aurait pu s'abstenir. Il aime les hommes on le sait et n'est guère farouche.

Dans ce livre, il nous fait part de sa rencontre avec divers hommes qui l'ont emmené en Europe en l'occurence en Suisse, mais qui nous dit-il n'éprouvait rien pour lui ??? aussi a-t-il choisi de partir à l'aventure. Au gré de ses rencontres, nous avons une vision de ce que peut être l'homosexualité pour un jeune marocain, décomplexé et n'ayant aucun crainte de son avenir, ni même à vivre son homosexualité dans son pays ou ailleurs du reste.

Je l'ai terminé difficilement, et m'y suis ennuyé profondément. Mais peut être ne l'ais-je pas compris !

 

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