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Dobro Pojalovat - Littérature LGBT

Dobro Pojalovat - Littérature LGBT

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15 février 2014

Lettres à Yves - Pierre Bergé

 

Lettres à yves

Quatrième de couverture  :

" Au fond ces lettres n'avaient qu'un but : faire un bilan, celui de notre vie. Dire à ceux qui les liront qui tu étais, qui nous étions".

Mot de l'éditeur :

Pierre Bergé a partagé la vie d'Yves Saint Laurent pendant cinquante ans. En adressant au gran couturier ces lettres par-delà la mort, il ressuscite les jours de gloire et d'insouciance, ceux aussi, entre poignard et poison, marqués par la drogue et la dépression. C'est un dernier adieu, au milieu des oeuvres d'art longtemps collectionnées, un hommage à une vie de passions, de combat et de rencontres.

 

Editions : Folio - ISBN : 9 782070 443284  - Poche  : 93 pages - Prix : 5,60 euros

 

Mon avis : ChezVolodia

Ce livre est une véritable ode à une personne que l'on a aimé presque plus que sa vie. Mais il démystifie ces grands personnages que sont Yves St Laurent et Pierre Bergé. On s'aperçoit que malgré l'amour qui les liaient, de nombreuses difficultés et non des moindres ont plus ou moins été surmontées, la drogue, l'alcool, la dépression au point que pour se protéger psychiquement, Pierre Bergé s'est pris un appartement indépendant (même s'il était non loin) de Yves St Laurent.

Ce couple quasi mythique que nous étions beaucoup à envier, avait également sa part d'ombre, car les coups de canifs dans le contrat  n'ont pas manqué, même s'ils se sont toujours retrouvés. Nous y apprenons du reste quelques indiscrétions sur la vulgarité d' Yves St Laurent dans certaines circonstances et les lettres particulièrement crues voire salaces qu'il adressait à des gigolos et qu'il demandait à Pierre Bergé de récupérer pour lui...

Indiscrétions certainement voulues, mais  honnêtes et sincères de ce dernier, qui a voulu montrer que même si leur amour était "fort" il n'était pas uniquement charnel, mais qu'également les unissaient une même passion pour le beau, pour l'art quel qu'il fut, ce qui a sans doute permis à leur couple de perdurer dans le temps.

Ils n'étaient pas que qu'on appelle des "monstres sacrés" mais tout simplement humains avec toutes leurs imperfections.  

 

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20 décembre 2013

Nous irons ensemble - François-Xavier DAVID

1461139_10201711529403776_1001120385_nQuatrième de couverture :

"Tu es venu, sans me prévenir, c'est drôle comme il m'est plus facile de t'écrire, alors que, lorsque tu es là, près de moi, je suis incapable de te parler. [...] Je n'ai jamais descendu des escaliers aussi vite, je n'ai même pas fait attention à la façon dont j'étais vêtu, alors que ma belle-soeur était au dehors; juste un caleçon court de coton blanc et un polo de la même couleur, même si octobre a déjà presque fini son parcours, il ne fait pas si froid! Et tes bras m'ont tenu chaud, tout de suite, j'étais bien."

Editions : Sté des Ecrivains : ISBN  : 9782342016109 - Prix livre papier broché ; 25,95 euros, 518 pages - Prix ebook 12,99 euros. ISBN numérique : 978234016116

Critique journalistique

Un roman épistolaire très riche, couvrant une période de l'histoire prolifique en événements historiques. Cet aspect, auquel il faut ajouter la sexualité et l'identité des deux protagonistes, donne tout son intérêt au récit. Le choix, surprenant au début, du format de la correspondance, permet ici l'expression directe des sentiments et de l'émotion, qui affleure alors de façon presque palpable à chaque page. Au final, "Nous irons ensemble" déborde d'un humanisme héroïque, et on se laisse très vite prendre par l'émouvante histoire de ces deux jeunes hommes.

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L'auteur :

François-Xavier  DAVID (avec le pull orange) lors d'une séance de dédicace au Salon du Livre de Bruxelles - mars 2014.

 

 

 

 

 

 

 

Mon avis : Volodia

C’est avec bien du retard que je me décide à mettre mon ressenti sur ce livre qui pour cet auteur est le premier et qui en attend des retours avec anxiété.

Au premier abord, je me suis demandé si j’aurais le courage de l’ouvrir et surtout de le lire en entier compte tenu du pavé : + de 500 pages quand même, doublé de la crainte d’avoir à me  farcir  un  livre dont on ne dit rien, non qu'il soit mauvais, mais plus simplement médiocre et sans intérêt. De plus, une fois lu, je me suis posé la question de savoir comment mettre mes impressions de façon honnête. Sans me laisser influencer par ma sympathie, mon amitié (même virtuelle) vis-à-vis de l’auteur. Sans l’encenser, ni pour autant livrer son livre aux gémonies s’il ne m’a pas plus. Le peiner, le froisser, voire le blesser par un avis (et non, je le précise une critique, car qui suis-je, moi ? pour juger du travail intellectuel et imaginatif d’un auteur), marquant une éventuelle déception. Rendre compte sincèrement d’un premier travail d’écrivain pour lequel il a « planché dur ».

Comment rendre compte d’un livre sans en dévoiler, même partiellement le contenu ? Désolé mais je me sens obligé d’en passer par là. Ce roman, s’étend sur une période allant de la première guerre mondiale à un peu plus loin que la fin de la seconde guerre mondiale.

François-Xavier David nous conte en premier lieu, l’histoire de deux hommes : L’un juif d’origine allemande : Lior, l’autre français et catholique : Julien. Ils se rencontrent sur un champ de bataille pendant la 1ère guerre mondiale. Lior combattant dans l’armée française est blessé et Julien séminariste est infirmier. Un attachement se crée sans que Lior dévoile le sentiment plus profond qu’il ressent pour Julien. A la fin de la guerre nos deux héros qui ont tissé des liens d’une sympathie assez poussée restent en contact et c’est tout « naturellement » que celle-ci se transforme en amitié, puis en amour. Donc ce livre mérite d’être placé dans le rayon  sentimental « gay ».  Bien que ce ne soit pas que cela.

Dès ces premières pages j’ai un peu tiqué. En effet, s’il  est tout à fait concevable qu’un juif et un séminariste se retrouvent sur le  champs de bataille, il l’est un peu moins quant à leur amitié. En effet, compte tenu de l’époque et de l’éducation de l’un comme de l’autre (les juifs étant élevés dans la méfiance des goys et les séminaristes dans celle des juifs; N’oublions pas qu’à l’époque on enseignait que les juifs avaient tué le Christ et donc se justifiait la notion de peuple traite et honni). De plus, au début du siècle flottait encore dans l’air des relents d’antisémitisme non seulement de principe mais dus également à l’affaire Dreyfus (1894 – 1906) même si celui-ci avait été innocenté.

Par ailleurs, il m’a été assez difficile de dissocier la façon de parler de Lior et de Jullien tant leurs expressions paraissaient semblables. Dans les premières pages, c’est surtout Lior qui parle et ce qu’il dit, je l’aurais plutôt mis dans la bouche de Jullien. Mais bon …L’idée de nous présenter l’histoire et ses protagonistes par des échanges de lettres, adressées aux uns et aux autres est originale et permet une lecture aérée, et plus qu’agréable du récit tout en séparant distinctement les évènements.

Au fil des pages nous faisons connaissances avec les familles respectives, et les amis de ces jeunes gens, qui là, se montrent plus que tolérantes envers une amitié qui les faisaient qualifier à l’époque et par la Société d’infâmes. Ce qui en 1929 me paraît hautement improbable surtout dans les milieux ou ils ont grandi. Déjà qu’à notre époque mariage mixte, plus homosexualité ça pose problème alors à l’époque, je n’ose l’imaginer.

Toujours est-il que c’est la vie de ces deux hommes entre les deux guerres et à travers eux, de leur famille qui nous est contée avec beaucoup de péripéties, d’évènement heureux mais le plus souvent malheureux (hum peut être un peu trop de mélo qui font douter, que dans une vie même très dense, une telle sucession d’évènements funestes soient possibles), mais avec beaucoup de sensibilité, de profondeur de sentiments : qu’ils soient amoureux ou simplement de tendresse, de gentillesse envers les uns comme avec les autres. De prise en compte de l’opinion et du ressenti d’autrui parfaitement évoqués, dans une écriture déliée, magnifique de simplicité, mais oh combien, riche en émotions.

Alors bien sûr il y a de petites erreurs, la rue Cambon se trouve dans le 1er arrondissement et ne fait absolument pas le prolongement de la rue du Bac qui elle, se situe dans le 7ème arrondissement de Paris. Mais l’auteur n’étant pas Parisien est tout à fait excusable.

En 1923 il n’existait pas à Paris d’école, et encore moins de cours du soir gratuits pour les étrangers qui souhaitaient apprendre le français, surtout pour les juifs qui même si cela avait existé, arrivaient chassés de l’Est par les pogroms avec femme et enfants et dont les préoccupations premières étaient surtout trouver de quoi se loger et du travail pour se nourrir. Difficile également pour eux de posséder un magasin de tissu rue du bac qui déjà à cette époque était une rue résidentielle en plein quartier goy et catholique.

D’autres improbabilités également : En 1941, Lior écrit à sa sœur en lui racontant qu’un de ses amis est « résistant « . Allant même jusqu’à lui donner le nom du réseau. Déjà l’acheminement du courrier par la poste était aléatoire, celui-ci pouvant être ouvert par n’importe qui, autorité ou erreur de destinataire,  Il était plus que très dangereux et non recommandé de se confier ainsi. D’autant plus mentionner, le nom d’un réseau de résistance,  c’est une hérésie qui frise l’inconscience d’autant que les noms des fameux réseaux n’étaient connus que des participants et encore pas de tous, certains ne connaissaient que leur proche contact.

Pour Yaâquov le cousin de Lior, arrivé en France. Impossible de tenir un commerce pendant la guerre et même de circuler. Les juifs étrangers et d’autant plus allemand ont été internés dans des camps  d’apatrides d’abord en 1940 puis de concentration en 1941.

Par ailleurs, Jurguën tombé amoureux d’un juif allemand, engagé dans la gestapo, pour combattre le régime nazi de l’intérieur et sauver des personnes. Hum, difficile à croire, quand on sait que la quasi-totalité du peuple allemand était pour Hitler qui les avait sorti de la crise économique de 1922, en offrant du travail à ceux qui s’inscrivaient au parti, un logement et diverses aides sociales. Que les juifs étaient mis au ban de la société allemande depuis 1933 et que pour entrer dans la Gestapo qui était la police secrète allemande, il fallait déjà avoir fait ses preuves et montrer fidélité au régime.

Sur la situation des déportés au triangle rose, l’auteur s’est plus servi de ce qui se dit au niveau lgbt,  sans faire à mon sens un véritable travail de recherches personnelles. De plus lorsqu’une personne s’évadait d’un camp, après la torture utilisée pour faire avouer les complices, la mort par exécution publique s’ensuivait automatiquement. De même les grandes marches lors de la « l’évacuation des camps », personne n’était abandonné en arrière. Une balle dans la nuque réglait son compte au malheureux afin de ne pas laisser de témoin. Car l’objectif de ses marches de la mort était de ne pas laisser de trace, ne pas laisser de témoins des atrocités commises afin qu’on ne puisse rien reprocher au peuple allemand.

J’ai bien d’autres digressions  à formuler mais le but n’est pas là, rétablir des vérités dans ce livre qui se présente comme un roman est tout aussi déplacé que les incongruités qu’il soulève. Car oui, l’auteur le précise c’est un roman, même s’il n’est pas vraiment classable dans cette catégorie puisqu’on y trouve de l’amour, des rebondissements presque à suspens, des faits historiques rigoureusement exacts pour certains et d’autres qui le sont moins, de l’inceste et de la folie. Ce livre est passionnant, riche culturellement mais également dans sa vision d’autrui, d’espoir et de confiance en l’humain. La fin m’a fait penser à un film qui s’intitulait les eaux mêlées, tiré du livre de Roger Ikor… !

Ce livre est classé lgbt, mais peut être lu par tout un chacun, tellement ce livre est beau et bien écrit .il s’en dégage beaucoup de sensibilité, de délicatesse, loin de toutes allusions et descriptions scabreuses qui malheureusement alimentent la plupart des livres de cette catégorie. Je me suis plongé dans ce livre et n’ai pu relever mon nez qu’une fois achevé. Je souhaite à François Xavier une belle carrière d’écrivain, même si elle est difficile à mener.

14 novembre 2013

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? - Jeanette Winterson

 pourquoi-etre-heureux-peut-etre-normal-poche-L-ndcIOPQuatrième de couverture :

Depuis qu'elle a été adoptée par Mrs Winterson, Jeanette a toujours lutté. Contre sa mère et sa morale religieuse stricte, contre ceux qui l'empêchent d'aimer et de vivre comme elle l'entend. Heureusement, elle a rencontré les livres. Et les mots sont devenus ses alliés.

Jeanette écrit pour réinventer sa vie, s'extirper du gris, apprendre à aimer et être libre enfin. 

 

Editions : Points - ISBN : 9 782757 835951 - Poche 259 pages - Prix : 6,90 euros.

 

Mon avis : ChezVolodia

Livre autobiographique de Jeanette Winterson. Née en 1959, Jeanette nous conte son enfance et son adolescence dans les années 1970.

Adoptée par un couple de pentecôtistes, elle passe son enfance et son adolescence, dans une petite ville du Nord de l'Angleterre (près de Manchester, qui a eu son apogée au 19ème siècle avec les filatures), entre un père inexistant et une mère peu aimante, rigoriste jusqu'à l'écoeurement, où tout était sujet à "pécher".

Son enfance a été difficile, entrecoupée de sermons, de paires de claques, de longues heures et de nuits passées sur le perron de la maison d'où elle était régulièrement chassée en guise de punition. L'auteur nous dit du reste ne jamais s'être sentie chez elle, l'une des raisons étant qu'on ne lui a jamais donnée les clés de la maison, et qu'elle était tributaire d'un des membres de la famille pour y entrer.

Enfant peu ou mal aimée (sa mère adoptive, lui rabâche que le diable l'a orienté vers le mauvais berceau), elle est obligée pour ramener quelque argent à la maison, dont la famille à grand besoin, de passer ses soirées, après l'école, et ses week end à travailler au marché. Mais lucide, elle pressent très jeune que le moyen de s'élever dans la société se fera par la lecture.

Aussi pour fuir cette vie et cette petite ville pauvre et morne, elle s'y réfugie et ce, malgré l'interdiction maternelle. Elle fréquente assidument la bibliothèque municipale où elle entreprend de lire toute la littérature anglaise par ordre alphabétique. La lecture des grands auteurs tels  Shakespaere, Austen, Virginia Wolf, lui ouvrent des horizons insoupçonnés, lui permettant de toucher du doigt une certaine forme de liberté.

L'histoire prend une forme dramatique lorsque sa mère, qu'elle appelle par son nom de famille, (elle n'a jamais pu lui dire maman) découvre son homosexualité. Il s'ensuit une séance d'exorcisme particulièrement éprouvante où pour finir sa mère lui met en main l'ultimatum : de partir si elle refuse de se conformer aux règles en vigueur de leur petite communauté. Elle n'a alors que 16 ans.

Jeanette choisit alors la liberté malgré les nombreuses difficultés auxquelles elle doit faire face. Grâce à sa grande intelligence, sa volonté, et une bourse providentielle  elle parvient à étudier à Oxford. Trouver une stabilité amoureuse et sépanouit dans son métier d'écrivain. Tourmentée  par les causes de son abandon, elle entreprend de faire des démarches pour retrouver sa mère biologique et d'avoir enfin une réponse à ses interrogations. Mère qu'elle réussira à retrouver, après une quête minutieuse d'informations et des démarches administratives qui aurait rebuté quiconque n'a pas été abandonné. 

Pour ma part, j'ai trouvé ce passage un peu long et ennuyeux, sans doute parce que je n'ai pas été adopté et donc non concerné par cette quête du pourquoi et du comment. 

 

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A propos de l'auteur :

Jeanette est née  à Manchester en 1959. Icône féministe, elle est l'auteur de nombreux romans irrévérencieux, dont Les oranges ne sont pas les seuls fruits, disponible en Points.

 

 

10 novembre 2013

Les larmes de Machiavel - Raphaël Cardetti

 

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Quatrième de couverture :

En ce début d'année 1498, les brumes hivernales pèsent plus que de raison sur le gigantesque dôme de la cathédrale Santa Maria del Fiore, plongeant Florence dans l'humidité glaciale. Mais, pour l'heure, les habitants ont d'autres préoccupations : depuis la chute des Médicis, la vindicte populaire gronde, avivée par les sermons du charismatique moine Savonarole, et la découverte de cadavres atrocement mutilés échauffe davantage encore les esprits.

Témoin d'un des meurtres, Niccolô Machiavel, jeune secrétaire de la chancellerie, met à profit sa connaissance des rouages politiques pour mener son enquête et se trouver bientôt plonté au coeur du plus grand scandale de l'époque. Sous nos yeux se dessine alors une comédie macabre qui pourrait bien réduire en cendres la fragile paix d'une ville où les hommes sont tour à tout pions, fous ou cavaliers.

 

Editions : Belfond - ISBN : 978 2 714 43967 3 - Broché (existe en poche)  297 pages - Prix 21 €

 

 Mon avis : Volodia

J'ai aimé ce livre, même si j'en ai été un peu déçu par ailleurs. En effet, je m'attendais à une page d'histoire, bien que ce livre soit positionné dans la catégorie roman, relatant un épisode historique dans l'Italie de la Renaissance, que ce soit par rapport aux arts ou à la politique. Or, il s'agit en réalité d'une intrigue policière, très bonne du reste, dont l'auteur joue de façon ambigûe avec le nom de Machiavel.

Le climat de l'époque est assez bien rendu. Les Français aux portes de l'Italie, Pise révoltée contre la mainmise de Florence avec les autres villes prêtent à se soulever également contre l'allégeance due à la toute puissance Florence. Elle-même épuisée par 10 ans de guerre, et devant se garder des agitateurs publics comme le Cardinal de Saint Malo, représentant du Pape venu proposer au Gonfalonier Soderini une alliance avec la France contre monnaire sonnante et trébuchante, un moine dominicain en rupture de ban avec Romme à qui il reproche la corruption et une dégradation des moeurs et entraînant par la flamme de ses sermons toute une foule de petites gens et en particulier une jeunesse toujours prompte à balayer l'ancien régime pour en adopter un nouveau plus conforme à ses aspirations.

Les premières pages de ce récit commencent par un enlèvement et une description de scènes de torture difficilement soutenable. Bien que sachant l'époque cruelle, je ne vois pas vraiment l'utilité de détailler les sévices suvis par les supliciés et c'est ainsi tout le long du livre. A croire que l'auteur s'en délecte, ce qui met à mon sens un peu en retrait l'intrigue du livre. Ceci dit, j'ai été également un peu frustré de ne pas avoir plus de détails sur les fastes de cette époque, l'action décrite se passant principalement dans un grenier contenant des archives, un atelier crasseux, des tavernes et des maisons closes, des caves et des souterrains sordides.

Ceci mis à part, l'histoire est passionnante et vous tient en haleine du début à la fin et si vers la fin du livre j'ai cru entrevoir la machination et reconnaître le ou les coupables, reste que le dénouement m'a laissé pantois.

De fait, j'ai passé un très bon moment avec ce livre à partir de l'instant ou j'ai cessé de le voir comme un livre historique et que je l'ai lu comme un polar.

J'ai mis ce livre dans ce log littérature lgbt, au motif que le personnage de Soderini avait une préférence pour la "plastique" masculine et "... que rien ne lui plaisait temps que de tenir dans les bras, le corps délicat d'un  damoiseau tout juste sorti de l'adolescence ou celui, plus solidement charpenté d'un homme déjà mûr". Mais la description des préférences et des moeurs du Gonfalonier Soderini s'arrête là. De fait, je vais également parler de ce livre en littérature générale.

 

Raphaël Cardetti

A propos de l'auteur :

Raphaël Cardetti est né en 1973. Spécialiste de la Renaissance florentine, il vit à Paris et enseigne la littérature italienne à l'université.

"Les Larmes de Machiavel" est son premier roman.

 

 

 

20 octobre 2013

Cheikh - Journal de campagne - Didier Lestrade

CheikhQuatrième de couverture :

Un cheikh est souvent un chef de tribu ou un notable vers lequel le groupe se tourne pour recueillir des conseils. Mais dans une société industrielle comme la nôtre, dans le milieu homosexuel où la crise identitaire est parvenue au sommet, peut-il en exister encore ?

Oui. A sa manière Didier Lestrade en est un. Après plus de 20 ans d'activisme, ce journaliste, homosexuel et séropositif, a quitté la capitale pour s'installer sur une colline où, depuis quatre ans, il accueille ses amis venus lui raconter la vie en train de continuer à Paris sans lui. Et observe le monde en suivant les traces du cultissime Walden d'Enry David Thoreau.

Isolement, autarcie, décroissance, slow culture, ébullition de l'Internet, pornographie, silence et contemplation de la nature pourraient être les mots clefs résumant les sujets abordés dans cet ouvrage. Poésie, trahison, rejet et émerveillement, soulagement et colère aussi tant ce "journal de campagne" offre des pistes amoureuses et morales permettant d'affronter l'évolution d'une génération qui manque singulièrement de sagesse.

Ce livre n'est donc pas seulement la révélation de la face cachée de l'homosexualité moderne c'est un récit personnel et polémique qui prend à témoin la société. C'est le message d'un cheikh qui veut croire que son expérience peut servir. Un livre qui annonce une nouvelle vie. 

 

Editions : Flammarion - ISBN : 978 2 0806 8964 1 - Broché 346 pages - Prix 22,40 euros

 

Mon avis :  ChezVolodia

Niais que je suis, en voyant le titre de ce livre, je pensais innocemment que Didier Lestrade souhaitait nous faire partager ses combats de militant. Que nenni, mon esprit tortueux habitué à voir partout des doubles sens aux mots, s'emberlificotait les neurones là ou il n'y avait pas lieu. Mr Lestrade avait tout simplement envie de nous parler de sa fuite éperdue de la capitale pour s'installer à la campagne d'où il nous fait partager les joies de la solitude - toute relative à mon sens, puisque sa maison est toujours pleine d'amis, copains invités et/ou qui s'imposent - , le retour à la terre, non sans observer de plus ou moins loin ce qui se passe dans la capitale et en tirer matière à réfléchir.

A lire l'auteur, il ne trouve qu'avantages à son exil. Hum possible, en tant que militant archiconnu d'une cause comme la nôtre et en son temps fêtard invétéré, un peu de calme permet de se recentrer sur soi-même, et sur le sens de son existence. Faire le tri de ce qui est indispensable de ce qui ne l'est pas et pour cela, il nous fait part de sa découverte de la philosophie de Henri-David Thoreau. Sans toutefois pratiquer à la lettre les principes, de décroissance, d'isolement et d'autarcie, l'auteur nous informe avoir réduit ses ressources et ses dépenses au minimum, Afin de se sentir plus libre de se consacrer à l’essentiel.

Mais Didier Lestrade ne serait pas lui-même s’il ne nous faisait part de quelques digressions, qui font mal, mais dont on ne peut  que constater le bien fondé, concernant les membres de la communauté gay, leur recherche de la performance sexuelle, leur consumérisme déjà évoqué dans d‘autres livres, mais également cet enfoncement dans des relations crades, sordides (ce qui semble nouveau aux dires de l'auteur c'est cette propension qu'on les gays actuels à aimer se rouler dans la fange - ce en quoi je ne peux lui donner tort, il suffit de surfer sur les sites de rencontres ou visionner quelques vidéos pour en avoir un aperçu ), leurs difficultés à trouver l’âme sœur, leur solitude voulue ou pour la plupart du temps subie.et bien évidemment le sida objet de tous ses combats, même si ce n’est pas l’objet principal de ce livre, et tout cela entre jardinage et travail de journaliste et/ou d'écrivain c'est selon...

Ce livre est plaisant à lire, l’auteur semblant apaisé eu égard à ses œuvres précédentes, il semble plus serein. Mais toujours, cet humour citronné, grinçant, qui égratigne furieusement et n’épargne personne, ni les les gays, ni les trans, ni les folles, mais si drôle dans ses réflexions, et empreint d’une telle sincérité, d'une telle vérité qu’on ne peut que lui pardonner, voire comme moi, l’apprécier à sa juste valeur.  Les conseils qu’il donne, et/ou sa vision des choses font qu’il peut paraître, parfois, comme un donneur de leçons, mais il ne faut pas oublier non plus que son expérience parle pour lui...

Si dans d’autres de ses œuvres je n’avais  pas  apprécié l’image qu’il me  renvoyait, à savoir celle d’un homme aigri, plein de rancoeurs, imbu de lui-même, réfractaire à tout changement, bloqué dans les années 80, et ce même si certains des sujets qu’il traitait, étaient empreints d'une certaine vérité, mais d'un avis tranché, ce livre me réconcilie avec lui. Enfin un auteur qui a des choses à dire et des messages plus qu'utiles à faire passer...

Intéressant donc !  

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9 octobre 2013

L'accompagnement - René de Ceccatty

41FF7A53PKLQuatrième de couverture :

"Dans les derniers jours, il m'a dit, lui qui était écrivain, qu'il n'avais pas eu la force de décrire ce qu'il vivait et que personne encore n'avait pu décrire cette lutte contre la mort à l'hôpital. Il m'a dit qu'un autre ami écrivain - lui aussi très présent à ses côtés pendant toute la maladie - et moi, nous en savions désormais assez pour décrire ce que nous avions vu. C'était un appel".

 

Editions : Folio - ISBN 2 97 0400092 1 - Poche : 153 pages - Prix  6 euros.

 

Mon avis Volodia

Le récit est  discret, délicat, plein de pudeur mais fort. La maladie nous est dévoilée  au fil des pages, pas de titre à sensation. Le malade lui-même ne veut pas dramatiser sa situation et n’informe ses amis qu’au compte goutte de son état. Lorsque celui-ci s’aggrave, et le rend de plus en plus faible, son caractère d’un naturel déjà difficile, devient despotique, que ce soit envers ses amis ou le personnel soignant, parce que la maladie l‘emporte sur tout, sensible à chaque bruit, chaque respiration.

L’auteur supportera tout, avec abnégation, considérant qu’être près de son ami est normal, important pour son moral. Il le soutiendra, dans ses moments d’angoisse, le soulageant du mieux qu’il peut, par sa présence, attentif et obéissant au moindre de ses désirs.

L’auteur, se fait voyeur puis rapporteur, de l’état physique et des émotions de son ami, mais également du personnel hospitalier, les médecins et les infirmières qui ne jugent pas, qui essayent par leurs qualités humaines et leur empathie, ainsi  qu’avec leurs pauvres moyens de rendre sa vie, puis sa fin de vie la moins pénible possible.  - le médecin attentif,  et les femmes, ces infirmières qui se dévouent pour tous ces hommes qui n’ont aimés que des hommes mais, qui aux derniers instants de leur vie recherchent ou acceptent leur présence - Mais également d’autres membres du personnel soignant et femmes de service qui s’en moquent, imperméables à toute souffrance et qui n’hésitent pas à lui faire comprendre que s’il est là, c’est bien de sa faute et qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.  Déjà bien beau qu’on s’occupe de lui…

Il est le témoin presque muet de la déchéance physique de son ami, un corps qui pourrit, les odeurs, sa cécité, son angoisse de se souiller au point de lui demander d’acheter des couches qu’il demandera à la pharmacienne totalement indifférente, de mettre dans un second sac par discrétion et pour éviter au malade,  son ami une humiliation de plus. Les sanglots et les larmes de celui qui à la fin de sa vie ne supporte plus la mesquinerie des uns et des autres, qui se tord de douleur, les côtes brisées par le kiné tellement ses os sont devenus friables.

Ce livre est très beau et je l’ai beaucoup aimé. Là on parle du sida, mais ce qui est décrit dans ce livre peut être le récit de toute personne en fin de vie, après une longue et douloureuse maladie.


René de CeccattyA propos de l'auteur :

René de Ceccatty est né le 01/01/2952 à Tunis. Romancier, traducteur, critique littéraire et éditeur. Il a fait des études de philosophie. A vécu au Japon et en Angleterre. Il collabore régulièrement au "Monde des Livres" et fait partie du Comité de Lecture des Editions du Seuil.

Il collabore également à de nombreuses revues telles : la NRF, la Quinzaine Littéraire, le Magazine Littéraire, Europe, Nuovi Argomenti, II Messaggeroe, etc...Il est critique littéraire au journal "Le Monde" depuis décembre 1988.

 

8 septembre 2013

Le Con d'Irène - Aragon

Le Con d'irèneQuatrième de couverture :

Qui pouvait lire vraiment "Le Con d'Irène" jusqu'à une époque récente ? Qui aurait osé penser que Sade serait un jour imprimé sur papier bible ? Il n'y a plus de livre sous le manteau, plus d'Enfer.

Aragon, dans les années 20 du vingtième siècle, brûle ses vaisseaux. Pas de retour possile en b ourgeoisie, pas de compréhension de la part de ses amis surréalistes. Il va rentrer dans l'ordre "prolétarien", c'est-à-dire là où on ne se doute de rien.

Le camarade Aragon serait l'auteur du "Con d'Irène" ? Vous voulez rire, c'est une provocation. Et pourtant, la planète de la censure tourne, la défense de l'infini nous montre que rien n'était fatal dans la régression "poétique" ou "réaliste" qui a suivi.

Cela gêne beaucoup de monde ? Trop.

Pour l'instant restons avec Irène : "Il flotte autour d'elle un grand parfum de brunen de brune heureuse, où l'idée d'autruit se dissout".

Editions : Mercure de France - ISBN : 978 2 7152 2139 0 - Poche : 93 pages - 93 - Prix : 4euros

 

Mon avis : Volodia

En préparation. Abandonné depuis X années

31 août 2013

"Folles" - Textes de Philippe d'Aix - Illustrations d'Hippolyte Romain

follesUn petit opuscule plein d'humour qui marie l'écriture caustique et humoristique de Philippe d'Aix et les caricatures drôles et cruelles d'Hippolyte Romain.

Chaque texte à un thème différent (ex : faux skinhead, opéramaniaque, mondain ou encore clone) et décrit avec humour, tendresse et beaucoup de psychologie le comportement de folles que les gays du monde entier s'ingénient à perpétuer.

Editions Magliocca - ISBN : 2 000000 007224 - Prix : 9,91 euros.

Mon avis : Volodia

Ce petit livre est une pépite du genre. Délicieux et jouissif au possible. A prendre au second degré bien évidemment.

Certaines caricatures datent un peu, notamment, dans la description du "clone" en blue jean, blouson de cuir, casquette de base ball, moustache et chemise à carreaux... C'était la mode en vigueur chez les gays des années 80, quant aux "cuirettes", je ne suis pas sûr que ce soit seulement un "look".

Mais dans l'ensemble, les descriptions sont assez exactes. J'ai dévoré ce livre en deux  petites heures. La facture en est agréable, et chacun des textes est accompagné d'une caricature aussi vrai que nature

 

23 juin 2013

Verlaine emprisonné - Jean-Pierre Guéno et Gérard Lhéritier

VERLAI~1Quatrième de couverture :

Cet ouvrage, fruit de l'exposition du même nom, propose d'appréhender l'un des chefs-d'oeuvre de Verlaine, Cellulairement, sous un prisme nouveau. Il aborde la question des quatre principales "prisons" de Paul Verlaine.

Son physique, qu'il ressent disgracieux, ajouté au véritable traumatisme fondateur d'une fratrie "en bocaux" ! Sa cage existentielle, qui le montre écartelé entre la fascination de l'enfer et l'appel de la grâce ; son abyssale dépendance à l'absinthe et son emprisonnement en Belgique, à Mons, consécutifà sa tentative d'homicide sur Arthur Rimbaud.

En miroir, ce livre offre une parfaite réflexion sur l'acte créatif et ses ressorts, son origine, sa complexité également.

Fac-simillés, photographies rares, dessins et tableaux d'époque, dont certains inédits, complètent un voyage en compagnie du pauvre Lélian.

Puis, il y a le texte de Jean-Pierre Guéno, tout de sensibilité, de proximité, d'affection, empreint d'une douce empahie, ode à nos frères damnés, à tous les poètes maudits que la terre a portés.

 

Editions : Gallimard Musée des Lettres et des Manuscrits - ISBN : 978 2 07 013957 6 - Broché 239 pages - Prix : 29  €.

 

Mon avis : Volodia

Très belle facture pour ce livre, tout en papier glacé, qui se lit facilement en raison de courts articles faisant face à des photographies d'époque, des dessins et caricatures, des actualités, des textes de Verlaine, des poêmes, ainsi qu'une correspondance suivie avec Rimbaud.. 

23 juin 2013

Le coeur éclaté - Michel Tremblay

Le coeur éclatéQuatrième de couverture :

Ici, le couple du Coeur Découvert, roman des amours heureuses, éclate : Mathieu après dix ans de vie commune, déménage et met un terme à une relation qui s'était étiolée.

Jean-Marc, entre effondrement et désespoir donne corps au seul proet possible : il par pour Key West, et là, dans la capitale des artistes et des prix Pulitzer peu à peu devenue le mouroir de l'Amérique, il apprend à accepter la douleur et tente d'affronter le sentiment de culpabilité qui l'assaille.

 

Editions : Babel - ISBN : 2 7427 9576 7 - Poche 313 pages - Prix : 7,70 €

 

Mon avis : Volodia

Bien que le premier livre puisse se lire indépendamment du second, je me suis pris de passion pour l'histoire de Jean-Marc et Mathieu. Il m'était impensable de ne pas connaître ce qu'il advenait de leur amour.

Ce second livre est plus sombre. Mathieu déménage avec son fils Sébastien. Ne reste plus à Jean-Marc que les souvenirs d'une liaison qui fut heureuse. Une rupture étant par essence douloureuse, Jean-Marc a du mal à s'en remettre et fait crise d'angoisse sur crise d'angoisse.

Malgré l'affection presque maternelle de ses voisines, et pour tenter d'oublier, Jean-Marc décide de partir pour Key West, non sans culpabilité, car un de ces ex-amants dont il est pratiquement seul à se soucier;  se meurt du sida à l'hôpital.

Logé chez un couple d'homosexuels, extravertis et fêtard, qui tente maladroitement de lui faire reprendre goût à la vie et parmi la luxuriance des paysages de key west, il arrive peu à peu à surmonter sa douleur. Professeur de français et écrivain, pour gagner sa vie, il arrive malgré tout à réécrire, et entame une liaison avec un "natif" de l'île. Liaison sans lendemain, mais qui aura pour but de l'apaiser et lui redonner confiance en lui.

A son retour, Luc l'ancien ami qu'il visitait à l'hôpital est à l'article de la mort. Suite à sa demande et malgré ses réticences, il accédera à son désir de l'aider à mourir, dans la dignité, et pour lui éviter des souffrances supplémentaires.

J'ai adoré ce livre, et le style d'écriture de cet auteur, comme s'il parlait. Moi qui n'aimait pas l'accent canadien, je me suis surpris à lire ces livres avec cet accent, ces mots et ces expressions si particulières de façon tout à fait naturelle, je lisais intérieurement et m'entendais parler, mais ce n'était plus moi, Volodia, mais Jean-marc qui s'était substitué à moi.  

 

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