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Dobro Pojalovat - Littérature LGBT
Dobro Pojalovat - Littérature LGBT

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14 février 2016

Le Silence des rails - Franck Balandier

 

le-silence-des-rails-644062-d256Quatrième de couverture :

Alsace 1942.

Parce qu'il est homosexuel, le jeune Etienne est envoyé dans l'unique camp de la mort installé en territoire français annexé.

Parce qu'il est homosexuel, il porte le triangle rose, insigne de son infamie, sur son pyjama de prisonnier.

S'il sort vivant et libre de cet enfer, personne ne le croira, c'est sûr.

 

Editions : Flammarion - ISBN : 978 2 9813 3053 5 - Broché : 212 pages, Prix : 12 euros

 

Mon avis : Volodia

Tout commence dans une gare, par une guerre qui finit, celle qu'on nommera la Grande Guerre, celle de 14-18 dont on espérera qu'elle sera la dernière des dernières, et des soldats qui reviennent du Front.

Puis, à l'intérieure de cette gare, une femme qui attend, et qui attendra un qui ne reviendra jamais. Enceinte, elle mourra dans la gare en mettant son bébé au monde, au milieu d'inconnus, un petit garçon.

L'enfant passera d'orphelinat en orphelinat. Puis viendront les premiers émois, solitaire, incestueux puisque qu'ils ne peuvent s'accomplir qu'en pensant à sa mère. Jusqu'au jour ou surpris par un surveillant pervers qui prendra cette jouissance à son compte.

A 18 ans, il est emmené par son amie Georgette sur les barricades du Front Populaire où il fait la connaissance de Jules qui lui fait prendre conscience de son inversion. Entraîné par lui dans des amours clandestines, ses aventures s'avèreront multiples et fugitives dans des endroits assez glauques de la capitale. Ce qui devait advenir fini par arriver et il se retrouvera "fiché" aux moeurs. Il ne sera libéré que par l'intervention de son amie Georgette qui l'épousera pour faire taire les rumeurs.

Le trio part en vacances pour les premiers congés payés. Tout à son bonheur, Etienne ne veut rien savoir, ne rien voir,  ni la débacle ni l'exode. Dans la ville occupée il est convoqué à la Kommandantur . Son épouse ? non il ne la pas revue. De conversation en interrogatoire et malgré une histoire servie d'avance il est relâché, bien que les fiches transmises le concernant ne leurs laissent aucun doute.

Malgré les risques, ils sont quelques ombres à glisser le long des rues désertes, à roder autour des vespasiennes. Les étreintes se font à la va vite entre deux patrouilles, le retour se fait par des chemins détournés. Un soir, alors qu'il est dans sa chambre et que les caresses ont à peine commencé, il est surpris par deux hommes en civil et 2 en uniforme. Ils ne sont pas là pour lui mais pour le juif qu'ils filaient depuis le canal. A peine le temps de se rhabiller et les voilà à Fresnes.  Lui finit par être embarqué le 22/07/1942 en fourgon à bestiaux à Rethau en Alsace au camps de Natzweiler - Struthof dans les Vosges Alsaciennes.

Six mois qu'il est interné, privilégié ou non il est affecté au service général du camp, ce qui est moins difficile que de travailler à l'extérieur, aux carrières. Affecté à la collecte des déjections, il passe une partie de la journée à charrier des sauts d'immondices pour les déverser plus bas dans une fosse à la limite des barbelés. A force de transporter les déjections des détenus, il finit par en évaluer la densité, en déduire la fréquence, en apprécier la qualité, la rareté. Pourquoi la légéreté des sauts  annonce la mort ? Pourquoi la mort est-elle sèche de toutes ses absences ?

Ernst, son gardien personnel, fait preuve d'un peu d'humanité et lui offre des cigarettes. Il lui permet également de s'asseoir hors de vue du mirador, jusqu'au moment ou Ernst est fusillé pour avoir essayé de lui donner un vieux dictionnaire allemand-français afin de communiquer avec une petite fille qui a jeté son ballon derrière les barbelés. Remplacé par une Aufseherin,  d'une vingtaine d'années, surnommée Madame, formée pour être gardienne en camps de concentration, les relations sont plus que difficiles, teintées de séduction et de cruauté. On raconte qu'il faut être volontaire pour obtenir une affectation au Struthof, ainsi la hiérarchie s'assure d'une sévérité exemplaire envers les déportés. Les soldats eux-mêmes punis, éloignés de leurs proches, reportant leur haine et leurs frustrations sur les déportés.

Etienne malgré le dramatique de sa situation ne peut s'empêcher d'y voir une certaine beauté, faire de la poésie avec l'horreur : la faim, "...le rêve éveillé de nos dents, l'horrible va et vient de nos mâchoires à vide, nous dormons au pas de nos estomacs,  nous parlons à nos gencives mortes, qu'avons nous donc à croquer avec tant d'urgence, sinon nos propres langues...". Le froid, les seaux entassés sur la carriole, qui ressemblent à du lait à cause du givre sur le bord, et "...toute cette pisse gelée. Tu ressembles à de l'or en paillettes. Un sorbet au citron...."

Et puis, "....le souvenir criant et hagard d'une sentinelle qui me prend au hasard... " J'ai conscience qu'il m'aime de presque rien, de mon anus, de mes hémorroïdes mal soignées..." Je conçois qu'il est des mots qu'on ne traduit jamais.

Alors que les alliés approchent, Etienne est affecté à l'infirmerie, il y verra tout ce qu'il ne devrait pas voir et que les allemands tenteront de faire disparaître. Pour finir par y devenir, lui aussi cobaye d'expériences toutes aussi douloureuses qu'inutiles. Lorsque les alliés arrivent, la porte du camp est grande ouverte. "...Etienne Lotaal est libre, triangle rose oublié ..."

Le 15 mai 1968, dans une autre gare,  il rencontre Arsène, jeune homme de 19 ans avec qui il fait connaissance puis, suite à son invite, le suit... Tout commence et tout finit dans une gare.

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui bien qu'une fiction s'inscrit dans un contexte historique réel.  Ce n'est pas un plaidoyer larmoyant, ni militant, sur les déportés homosexuels. C'est la description d'une situation à une époque donnée. Contrairement à bien d'autres sur ce sujet, l'auteur de ce livre ne montre, ni ne dit directement l'horreur. Celle-ci est distillée parcimonieusement au fil des pages, et toujours avec une poésie qu'il semblait impossible à imaginer pour raconter l'indicible. A lire impérativement. 

 

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30 novembre 2015

Ce sont amis que vent emporte - Yves Navarre

21270379_1406150Quatrième de couverture :

"Ce n'est pas ici l'histoire d'une mort mais celle de notre vie, une histoire comme toutes les autres histoires, jamais la même, toujours la même histoire d'amour et de son cours, flux et flonflons.Il y avait du régal dans mon regard et dans le sien, également, à égalité, quand agrippé à la rampe il a difficilement emprunté l'escalier.

Autrefois il aurait dit, en arrivant en bas, comme une meneuse de revue couverte de strass, "l'ai-je bien descendu ?" Là, il vient de plonger dans mes bras, étais-ce un cri ou un rire, que voulait-il dire ?, un mot s'était bloqué dans sa gorge. Il a répété, "ça va, laisse-moi". Petit à petit il s'est détaché de moi, assurant chacun de ses pas, levant douloureusement les bras pour l'équilibre du funambule. Ma musique le tenait debout".

S'il est question de perte, de maladie et de mort, Ce sont amis que vent emporte ne peut être réduit à cette seule dimension, tant la force de l'amour et le pouvoir de l'art y occupent aussi une place de choix. Ce clair-obscur inattndu dans un texte consacré à la mort fait de de ce roman l'un des plus beaux et certainement l'un des plus émouvants qu'yves Navarre ait écrits. 

Editions : H&O - ISBN : 978 2 84547 191 7 - Poche - Prix 6,90 EUROS. 

Mon avis : Volodia

Dans ce livre Yves Navarre restitue avec toute la délicatesse et la sensibilité qui étaient siennes une histoire d’amour de 20 ans, interrompue par la maladie puis, par la mort.

 Il met en scène deux hommes, un couple homosexuel, dont l’un Roch est sculpteur, l’autre David est danseur. Tous les deux sont malades, le nom de la maladie n’est jamais nommée, c'est au fil des des pages qu'on devine de laquelle il s’agit.

Les deux hommes vivent cloîtrés dans leur appartement. Depuis que David est entré en phase terminale. Ils se sont isolés de leurs collègues, relations, amis et familles et ce, bien que ceux-ci se soient montrés compréhensifs. Ils ont décidé d’arrêter les traitements médicaux et dans ce huit clos Roch va se consacrer totalement à David. Pendant les sept jours qui vont précéder sa mort, Roch décrira dans son journal, la longue agonie de son ami. Il le lave, le couche, l’enlace, lui brosse les dent, met en place un ingénieux système pour lui éviter de tomber dans les toilettes et lui épargner  l’humiliation de la déchéance physique.

 Les deux hommes ne travaillant plus, s’ajoute à la difficulté de leur existence, les soucis financiers. Tout ce qui est bien, va à David, lui il se débrouillera. Roch meurt 3 mois après David et c’est son médecin qui reprendra son journal.

La maladie vient à sublimer l’amour que se porte ces deux hommes.  Une magnifique ode à l’amour et à la vie. Je recommande ce livre à tous ceux pour qui l'amour entre deux hommes ne se résume pas qu'à une histoire de culs et contrairement à ce que l'on pourrait penser au regard du récit, ce n'est pas un livre triste. 

 

YVES NAVARRE

A propos de l'auteur :

Yves Navarre est né à Condom  dans le Gers, en 1940. Il est mort à Paris le 24.01.1994.

Ecrivain et homosexuel il s'est toujours défendu d'être d'abord écrivain et ensuite homosexuel et non pas un écrivain homosexuel.

On lui doit de nombreux romans et pièces de théâtre, dont le petit galopin de nos corps, le jardin d'acclimatation (Prix Goncourt 1980) ou Kurwenal ou la part des êtres, tous trois récemment réédités par H&0. 

10 juin 2015

Le chant d'Achille - Madeline Miller

978_2_91954_726_51_270x395Quatrième de couverture :

Ce ne sont encore que des enfants : Patrocle est aussi chétif et maladroit qu'Achille est solaire, puissant, promis par sa déesse de mère à la gloire des immortels. En grandissant côte à côte, l'amitié surgit entre ces deux êtres si dissemblables. Indéfectible.

Quand à l'appel du roi Agamemnon, les deux jeunes princes se joignent au siège de Troie, la sagesse de l'un et la colère de l'autre pourraient bien faire dévier le cours de la guerre... Au risque de faire mentir l'Olympe et ses oracles.

Editions : Pocket - ISBN : 978 2 266 25243 0 - Poches 480 pages - Prix : 7,90 euros.

 

Mon ressenti : Indiangay

L'Illiade, qui ne connaît cette merveilleuse épopée d'Homère dans laquelle s'affrontent/et ou s'allient selon les circonstances, les hommes, les Dieux et  demi-Dieux ; Mais qui connaît l'histoire plus personnelle des héros un peu en retrait de la guerre de Troie ?

C'est au travers des yeux de Patrocle que l'auteure nous conte  une version romancée de la destinée d'Achille et Patrocle unit depuis l'enfance par une amitié plus que fraternelle, dans une Grèce  où les hommes  étaient férus  de combats, de gloire et fiers, à la limite de l'arrogance, de leur naissance.

A l'époque ces amitiés particulières étaient courantes, mais ne perduraient pas au-delà de l'adolescence, au risque de voir ses protagonistes moqués et méprisés. L'amour que porte Achille à Patrocle et vice versa, va défier le temps, les hommes et les Dieux, sans pour autant porter atteinte à leur virilité, leur honneur, et sera respecté par leur entourage au grand dam de Thétis, néréide et mère d'Achille qui estime que Patrocle n'est pas "à la hauteur" de son fils, et qui a fait tout ce qui était en son pouvoir pour les séparer.

Pour un premier roman, Madeline a "tapé fort". Elle a su nous raconter l'amour puissant qui unit nos deux héros, la guerre de Troie venant en arrière plan, sans mièvrerie, avec beaucoup de finesse et de pudeur, tout en préservant leurs qualités virils et leur sens du devoir.

J'ai beaucoup aimé et dévoré ce livre qui m'a fait me replonger dans la Mythologie Grecque et, retrouver les récits et personnages qui ont enchanté mon enfance et mon adolescence. C'est beau, bien écrit et tout et tout. Ne surtout pas y voir un éloge à l'homosexualité ou une quelconque revendication militante lgbt !

 

11 novembre 2014

Le bal des hommes - Gonzague - Tosseri

Le bal des hommes

Extrait sur la quatrième de couverture :

"Des bars coloniaux de la rue de Lappe aux établissements de bains de la rue Saint-Lazare, des promenoirs du Gaumont, sur les Grands Boulevards, aux pissotières de la gare du Nord, des michetonnneurs de la porte Saint-Martin aux masseurs de la Folie-Méricourt, tout ce que Paris comptit de vénélité mpale connaissait les ciseaux de ses grandes jambes et la manière singulière que Blèche avait de fondre sur ses proies pour les interroger, en les fixant avec intensité.

Ses collègues de la Mondaine étaient réputés pour leur habitude de jouer aux idiots avec les tauiers, de finasser, d'insinuer qu'ils en en savaient plus qu'ils paraissaient en dire, à croire qu'on leur avait enseigné que les menaces sont plus lourdes et les dégelées plus terrorisantes quand elles sont pratiqués par des flics à l'air bonasse. Blèche, lui posait des questions brèves et tranchantes, qui sortaient à une vitesse stupéfiante de sa bouche sans que cela fit vaciller ses moustaches noires"

 

 L'histoire  proprement dite :

Une nuit de 1934, un inconnu pénètre dans le zoo de Vincennes, abat et émascule deux fauves avant de prendre la fuite. Les autorités sont convaincues que les pénis tranchés vont alimenter un trafic d'aphrodisiaques destiné aux homosexuels parisiens.

L'affaire est confiée à l'inspecteur Blèche. Cet homme glacé, doté d'une intelligence supérieure, est chargé à la Brigade Mondaine de surveiller les "invertis". Son enquête le conduira à exhumer de dangereux secrets dans le "gay Paris" des années 1930, monde extraordinaire à jamais disparu.

 

Editions : Robert Laffont - ISBN : 9 782221 145883 - Broché : 278 pages - Prix : 18,50 euros

 

Mon avis : Volodia

Ce qui m'a attiré dans ce livre, c'est d'abord le titre puis la quatrième de couverture assez alléchante, il faut bien l'avouer. Une histoire policière située dans ce milieu et à cette époque avait tout pour attiser ma curiosité.

Si j'ai trouvé l'intrigue assez bien amenée et menée, avec des rebondissements liant les uns aux autres les évènements de cette période où se mêlent des réminiscences de la guerre 14-18, le monde "souterrain" et interlope de Paris, l'opium, les turpitudes d'un Président de la République, d'un Gérant de Cabaret, les mouvements d'extrême droite : Les Camelots du Roi et les Croix de Feu. Tout ce mélange d'histoire romancée et faits historiques rendent ce livre passionnant. Quant au héros, l'inspecteur, Blèche, s'il ne correspond pas forcément aux critères de ses confrères, il n'en est pas moins sensible, comme eux, "aux enveloppes" à partir du moment où il reste le maître de la sollicitation et qu'il peut les faire disparaître sans laisser de trace.

Toutefois, car bien évidemment, il y a un mais, je ne sais si c'est pour être dans le ton de l'époque ou si c'est leur pensée profonde qui a pris corps lors de la rédaction de ce livre, mais les auteurs, présentent et parlent dans ce livre, des homosexuels comme des pervers, drogués, passant leur temps à copuler dans la plus grande débauche et capables de toutes les bassesses. Les termes employés pour les désigner sont non seulement d'un grand mépris doublé d'une violence peu commune. Et il est difficile lorsqu'on est homosexuel de ne pas en être outré, blessé et humilié. 

  

Gonzague et Tosseri

A propos des Auteurs:

Armand Gonzague 36 ans est journaliste au Nouvel Observateur

Olivier Tosseri, 30 ans est journaliste correspondant à Rome pour Télé et Canal +, RMC et l'Opinion.

Tous les deux sont férus d'histoire et c'est leur premier roman.

 

17 octobre 2012

Millesime - Daniel Fazan

 

fazan-livre-600pxQuatrième de couverture :

Deux hommes s'aiment. Délaissant leurs épouses, ils sont dès lors confrontés aux quolibets de leur milieu conformiste et terrien : le viticulture. Loin des villes, ce microcosme étriqué et peu parlant s'évertue à leur faire payer cet écart de la norme.

Dans l'un des plus beaux décors du monde, la quête d'identité et le souffle de la mort traversent ce roman entre cie, terre et eau. La rudesse des caractères, de la pente et du travail infiniment recommencé sous l'assaut des saisons s'oppose au désir de tendresse.

Un roman qui convoque C.F.Ramuz en ses terres, mais au XXIème siècle. Avec pertinence. -

 

Editeur : Oliver Morattel - Isbn : 978 2 9700701 8 4 - Broché 149 pages - Prix : 17 euros

 

Mon avis : Volodia

J’ai aimé ce livre pour diverses raisons, mais en particulier par l’originalité de l’endroit ou se situe l’histoire : le milieu des viticulteurs-vignerons. Ensuite par la façon dont nous en prenons connaissance. Nous sommes dans un monde exclusivement masculin.

Tout d’abord, il y a Paul, «garçon au cœur de fille», Roberte, sa femme aigrie après des années de vie commune et qui ne lui inspire plus qu’indifférence sinon haine : "matrone aigre qui sabote mes jours". Sa rencontre avec Roger, son "amoureux", vigneron également,  qui vit dans un autre village plus haut..

De par son hérédité et l’exercice de son métier, Paul est devenu alcoolique. Pour tenter d’y remédier et sur les conseils de Roger sur qui le sevrage a bien fonctionné, il entreprend de voir régulièrement une psy qu’il appelle Madame. Ce qui lui permet de lui  raconter sa vie, ses manques, ses demandes névrotiques et dépendantes et de se remémorer ses réflexions et ses émotions.

Nous partageons, son quotidien, rythmé par les saisons et l’entretien des cépages, la récolte du raisin, la fabrication du vin et ses aller-retour réguliers à la cave pour les dégustations, les visites de touristes, clients potentiels et une vie de couple pleine de rancœurs et de non dit. Nous  assistons à la rivalité des maisons voisines toutes concurrentes entre-elles.

"Sait-on quand on visite un village typique du bout du monde et sympathique et chaleureux, architecturalement irréprochable qu’il est un guépier, un dépotoir muet de rancunes ancestrales, de chapelles et de clans opposés"

Dans ce village ou il ne se passe jamais rien, sa relation avec Roger, provoque des sous-entendus, des regards en coin, des sourires narquois, harcelés par une «corneille» qui on le saura plus tard n‘est autre que l‘épouse du pasteur et subissant les tags provocateurs des ados du village. "On" s’interroge sur ce que peut penser l’épouse et son rôle dans ce ménage à trois :

"car si les regards sont indifférents, les pensées, elles, ne le sont pas".

Paul aime Roger, dont « le visage a cette noblesse terrienne des aristocrates de la terre penchée », avare de paroles, bourru physiquement et de caractère : "sa timidité subit l’érosion de ma tendresse".

dont les gestes rares font qu’ils se comprennent sans avoir besoin de parler, et avec qui il peut laisser libre court à ce qui fait sa féminité : douceur, sensibilité et  sensualité. 

Pendant que Roberte l’épouse de Paul s’est absentée pour rendre visite à sa fille installée en Afrique, Paul et Roger surnommés les deux cousines par un voisinage puritain et malveillant essaient de vivre, discrètement mais plus ou moins au grand jour, leur relation.

"Quel est l’avenir de deux vignerons gays, dans la sclérose d’un pays de traditions, d’esprits le plus souvent moralistes. Combien de décennies pour rattraper ce que nous avons vu dans la capitale proche ?  Dépravation qui sans nous choquer ne nous plait pas. Débauches vues ou racontées, vulgarité ordinaire et guidée seulement par les sens les plus primaires".

Nous n’en demandons pas temps. Qu’on ne nous fuie pas, qu’on évite de nous ignorer en face tout en se retournant après s’être croisés près de la fontaine. Voir des amoureux comme des assassins me paraît gougnafier".

Ils profitent de l'absence de Roberte et d’un mois calme en vigne pour se faire plaisir et  se rendre à la Scala, à bord d’un car plein de gays, puisque l’agence organisatrice ne fait que des gaystours. (Petit étonnement de ma part quand même, car pour des personnes découvrant leur homosexualité réciproque au fin fond de la Suisse Romande… mais bon, on va pas chipoter)

Roberte revient après quelques mois passés en Afrique ou elle était allée visiter sa fille, et ou subir quelques transformations esthétiques. A partir de là, fini la tranquillité :

"Roberte n’a plus qu’une mission, vitale pour elle : me faire payer la note de la honte, son ulcération morale".

l’enfer quotidien reprend ses droits et pour le fuir, Paul part vivre chez Roger. La mort accidentelle de Roberte le lendemain de son retour d‘Afrique, laisse la place libre à Roger. Aucun regret ne viendra attrister Paul qui feindra la tristesse non par conviction mais par convenances.

Ce livre est bon et beau. D’une lecture agréable. On sent que l‘auteur connaît parfaitement son sujet. les termes, les expressions sont choisies avec soin. Contrairement à beaucoup de livres traitant d’homosexualité, nul besoin d’écrits imagés. La vulgarité n’a pas sa place

 

A propos de l'Auteur :

Daniel FazanHomme de radio francophone, Daniel Fazan poursuit une longue carrière riche en rencontres fortes.Son humanisme et sa manière peu conformiste de questionner sont sa marque de fabrique.

Auteur déjà de trois ouvrages, dont le très remarqué "Vacarme d'Automne", il se soucie, dans son écriture, de la concision qu'exige la radio ainsi que du charisme des protagoniste de ses romans. Son regard exigeant et malicieux éclaire ses livres d'une lumière très particulière.

 

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20 juillet 2012

Ils m'appelaient Fanchette - Jean-Paul Tapie

9782845472433

Quatrième de couverture :

Parce qu'il était un peu différent de ses camarades, Germain Fanchet a été le souffre-douleur de toute sa classe. De la seconde à la terminale, la vie au lycée a été pour lui un enfer quotidien. Les humiliations, les injures, les coups parfois ont fini par le persuader lui-même qu'il était "anormal".

Trente ans ont passé, Fanchet est devenu infirmier aux Urgences. Il a caparaçonné son coeur, il a pratiqué le sport et la musculation jusqu'à en imposér aux autres hommes. Il est devenu cynique et volontiers moqueur et n'a jamais pu vivre une histoire d'amour au-delà de quelques mois.

Et voilà qu'arrive dans son service un accidenté de la route. L'homme est salement amoché, mais Fanchet reconnaît immédiatement son principal tourmenteur, la bête noire du lycée, celui qui, jour apèrs jour pendant trois longues années, à joui de le torturer : Rémi Laurent-Dubreuil. Tout lui revient alors en mémoire, et le projet d'une vengeance définitive, celle qui lavera les offenses faites à toutes les "fanchettes" de la terre, germe bientôt dans son esprit...

Editions : H & 0 - ISBN : 9 782845 472433 - Poche 188 pages - Prix : 5,20 euros

 

Mon avis : Volodia

Il croyait avoir tout oublié, mais il avait simplement appris à composer avec ses douleurs.

... " Les bourreaux croient toujours que leurs victimes ont la mémoire aussi courte que la leur parce qu'elle se taisent. Mais les victimes n'oublient jamais ; elles enjambent..."

L'homme qu'il est devenu s'est construit autour de ce traumatisme. Les heures passées en salle de musculation pour se constituer un corps, pour apprendre à se défendre, tenter d'oublier le collège

"... Je rembourrais mes rares conversations. Je n'en finissais pas de me protéger..."

comprendre sa différence. Et, pour cela il part en Israël 3 ans à la recherche de lui-même, en travaillant dans des kibboutz.

"... Israël  m'a donné une leçon que j'ai retenue : Que l'on peut, que l'on doit même survivre à l'insulte et à la haine ce qui est leur unique façon de leur donner un sens..."

Ce livre s'écrit au présent avec des retours au passé. L'auteur se raconte avec une grande sensibilité. Nous partageons ses émotions au fil des lignes : la peur de la proie, l'humiliation du jeune homme, sa lâcheté provoquée par la non compréhension de ce qu'il est, et pourquoi cet acharnement à son encontre. Ses espoirs d'un avenir et d'un amour plus conforme à ses aspirations, et ses déceptions sans cesse renouvelées à la sortie des saunas et autres bars ou boites gays ou on ne prend même pas la peine de lui parler mais de l'évacuer d'un simple geste de la main eu égard à la banalité de son physique.

Son esprit de vengeance toujours vivace après 30 ans, et qu'il assouvira non en tuant son ennemi, alors qu'il est à sa merci, mais en l'humiliant comme il l'avait été lui, en lui faisant éprouver la peur, "la peur animal de Fanchette".

15 août 2011

O Verlaine - Jean Teulé

67355099_pQuatrième de couverture :

Alcoolique, amant frénétique et désordonné, bigame maltraité par ses deux compagnes, Paul Verlaine oscilla jusqu'au tombeau entre l'ignoble et le sublime. C'est à la toute fin de sa vie, au moment de la pire déchéance morale et matérielle, au moment où les gloires de l'époque l'accablaient de leur mépris, qu'une soudaine vague de sympathie naquit en sa faveur parmi les étudiants et la jeunesse du Quartier Latin. En quelques semaines, il devint leur idole.

Fol amoureux de ce personnage magnifique et terrifiant, Jean Teulé a choisi de raconter cette période extravagante à travers le regard du jeune Henri-Albert Cornuty - un adolescent de Béziers qui monta à pied à Paris dans le seul but de rencontrer Verlaine...

Editions : Pocket (poche) - ISBN 9 782266 157308 - Prix : 7 euros -338 pages 

 

Critique littériaire de Pierre Drachline - Le Monde des Livres :

"Jean Teulé signe avec O Verlaine ! son plus beau roman d'amour".

 

 Mon avis : Volodia

Ne vous attendez pas en lisant ce livre à trouver une biographie telle qu'elle serait écrite par un historien.

Jean Teulé nous fait rencontrer Verlaine à travers les yeux d'un jeune garçon fraichement débarqué de sa province, dont les premières oeuvres lui ont été offertes par son oncle, anarchiste. Nous pénétrons dans l'intimité d'un homme perclus de maux divers et arrivé au dernier stage de la déchéance se partageant entre ses deux maitressses qui lui font les poches pour récupérer, les quelques sous que lui envoyent ses admirateurs pour animer des conférences, mais, surtout ses poêmes qu'elles s'empressent de vendre pour l'une, assumer le quotidien, pour l'autre donner à son souteneur, le poursuivant jusque sur son lit d'hôpital. 

La plupart de ses amis sont morts, ses autres connaissances ont trouvé le succès et ne voit plusen lui qu'un homme fini se noyant dans l'absinthe et la débauche. Lui-même reconnait avoir brûlé sa vie par les deux bouts et accepte avec fatalisme les dégâts causés par ses excès. 

Ce livre est avant tout une reconstitution fidèle de l'atmosphère de Paris au 19ème siècle, noir, sombre pour qui n'a pas la chance d'être bien nés. Un Paris bruyant, avec ses fumées, sa puanteur, ses ouvriers, ses putains au langage "fleuri".

Jean Teulé nous livre une biographie romancée de ce qu'a pu être la vie du poête quelques mois avant sa mort. Ce livre comporte quelques croquis de Jean Teulé et quelques poêmes y sont mis en avant.  Difficile de reposer ce livre avant de l'avoir lu en totalité. Pour ma part, j'ai "adoré".

13 mars 2011

Drôle de garçon - Shyam Selvadurai

63485444_pArjje est le deuxième fils d'une famille de bourgeois tamouls installée à Colombo. Peu à peu, alors que s'accentuent les tensions politiques et raciales qui divisent la société Sri-Lankaise, Arjje passe de la transparence candeur de l'enfance aux clairvoyances de l'adolescence. Parce qu'il est différent des autres - trop délicat, il ne se plaît que dans la compagnie de ses petites cousines, de sa mère et de ses tantes -, Arjee est le confident des adultes.

Peu à peu, alors que tombant amoureux d'un garçon de son âge, il se réconcilie avec sa véritable nature, il découvre les compromissions, les injustices et les haines qui précipiteront son pays dans la guerre civile.

Un premier roman d'initiation délicat dans lequel les aspirations du coeur viennent buter sur la réalité  la plus violente.

 Editions : Pavillons chez Robert Laffont - ISBN : 9 782221 084038 - Broché 293 pages - Prix ; 22,71 €

Mon avis : Indiangay

Je n'ai su ce que je devais faire quand mon compagnon m'a offert ce livre, j'ai hésité entre le bénir ou le honnir. Ce livre je l'ai lu en plusieurs fois tellement il me bouleversait en tant que Tamoul et gay, élevé par des femmes. ... 

 

A propos de l'auteur :

Jeune auteur sri-lankais de langue anglaise, né en 1965 à Colombo, émigré avec toute sa famille au Canada après 1983, Shyam Selvadurai, licencié ès lettre, a écrit pour la télévision et a publié des nouvelles dans diverses revues. Drôle de garçon est son premier Roman.

 

 

2 novembre 2010

Liberace - Amanda Sthers

9782259211154Liberace, pianiste de génie, star américaine des années 60, était-il fou ?

A travers une confession fictive, Amanda Sthers lui donne la parole.

Celui qui a bouleversé les Etats-Unis puritains, l'un des premiers morts du sida médiatisés, évoque son parcours, son amitié avec Elvis et Streisand, son enfance, sa mère etouffante, son jumeau mort-né, ce double qui a cherché toute sa vie, cet amant à qui il a fait remodeler le visage pour qu'il lui ressemble trait pour rait avec quarante années de moins et qu'il a fini par jeter à la rue avec un simple sac-poubelle.

Le roman d'une vie qui ressemble à une superproduction hollywoodienne.

Editions : Plon - ISBN : 978-2259211154 - Broché : 126 pages - Prix : 14,50 €

 

25 octobre 2010

Le polylogue du pénis - Adam Baradet

1989R

Quatrième de couverture : 

"Tout au long de cet ouvrage, je me livrerai soit à un satisfecit  outrancier aux yeux de certains, soit je me sentirai penaud à certains égards. Dans tous les cas, je trouverai toujours une multitude de mots pour aider le lecteur à une meilleure compréhension de mes actes : le polylogue, mot trouvé pour désigner ce double langage , sera reçu, je l'espère, comme la saine définition de situations qui ne le sont pas toujours aux yeux de tous"  Autobiographie d'un pénis.

Adam Baradet, par opposition aux fameux Monologue du vagin, a choisi de faire parler un pénis ! Pas n'importe lequel cependant, celui de Paul, homosexuel à la vie bien remplie. Le pénis raconte dont l'histoire de Paul, depuis son éveil à la sexualité jusqu'à sa mort, une vie de voyage, de rencontres, de cul et d'amour.

Editions : Publibook - ISBN : 9B782748 306330 - Broché : 147 pages - Prix : 16,50 €

 Avis : ChezVolodia

Original  !

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Dobro Pojalovat - Littérature LGBT
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