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Dobro Pojalovat - Littérature LGBT
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20 novembre 2018

Dustan Superstar - Raffaël Enault

Dustan

Quatrième de couverture : 

Guillaume Dustan, l'écrivain français le plus marginal et sulfureux de ce début de siècle, fut à sa manière une superstar de la littérature dont la notoriété dépassait le seul milieu des lettres. 

Écrivain transgressif, homosexuel radical, énarque, magistrat, éditeur, il ne cessa de se démultiplier et de brouiller les pistes sans jamais rien perdre de sa singularité. Avant Guillaume Dustan, il y eut William Baranès - son vrai nom. 

Un jeune homme qui se destinait à une carrière exemplaire de haut fonctionnaire tout en rêvant de consacrer son existence à l'écriture. Mais sa vie bascule lorsqu'il se découvre, à vingt-cinq ans, infecté par le VIH. Il se pense alors condamné à mort, du moins en sursis, et rompt progressivement avec tout désir de normalité. Multipliant les rencontres et les expériences, adepte des pratiques les plus hard, il fait de sa vie la matière première et la trame essentielle de son oeuvre. Plus encore que ses écrits, c'est son personnage qui fait sensation. 

Dès son premier livre, Dans ma chambre, paru en 1996 chez POL, Guillaume Dustan devient une sorte d'icône médiatique. Il se présente à la télévision affublé d'une perruque pailletée et tient un discours libertaire tout aussi provocateur. Dustan fait d'autant plus parler de lui qu'il s'érige en défenseur du bareback face à l'association Act Up et à son fondateur Didier Lestrade, devenant objet de controverses et de réprobation jusqu'au sein de la communauté homosexuelle. 

De plus en plus discuté et de moins en moins audible à force de prises de position jugées scandaleuses, Dustan s'isole et sombre dans le désespoir. Considéré comme fou, il fait un séjour en hôpital psychiatrique avant de mourir à quarante ans, en octobre 2005, seul, victime d'une probable intoxication médicamenteuse. 

EDITIONS : Robert Laffont – ISBN : 2221193377 – Pages  314  - Prix : 21 €

Mon avis : ChezVolodia 

Dustan fait partie de la cohorte de ces écrivains maudits qui au contraire d’autres ne seront jamais réhabilités après leur mort.  Ses textes crus, parfois violents, ses prises de position vis-à-vis du bareback et son goût pour la mise en scène avec ces apparitions flamboyantes chez Thierry Ardisson sont loin de l’avoir réconcilié avec les médias et le commun des mortels. De fait, Dustan sent toujours le souffre. 

Dans les année 1980, Dustan pourtant eu son heure de gloire jusqu’à être considéré comme un écrivain majeur de la communauté homosexuelle. Il ne sera pas seulement représentatif d’une époque, ni  ne se réduira à une revendication (le bareback entre séropos). Il initiera chez « Balland » la première collection de livres gays.  Il inventera une écriture, nerveuse, d’où était absente toute afféterie littéraire, qui lui conférera son caractère unique. 

Dans ce livre, il est avant tout question de faire connaître le parcours d’un surdoué, aujourd’hui oublié et/ou réduit à une caricature médiatique plus qu’une biographie. 

Le récit nous dévoile le parcours de William  Baranès,  jeune garçon bien sous tous rapports, lauréat de plusieurs concours généraux, qui après avoir fait Sciences-Po puis, l’Ena, a occupé les fonctions de Juge Administratif. 

Sa contamination par le virus du Sida change la donne, il « jette aux orties » sa vie toute tracée pour assumer pleinement son homosexualité et vivre intensément les années qu’il lui reste (à l’époque les traitements contre le hiv en était à ses balbutiements. 

En à peine dix ans, l’auteur de « Dans ma chambre » publié chez POL, connaîtra une relative lumière, puis une ombre aux plus vastes contours. Ses excès effraient et ses propos scandalisent. L’écrivain s’enfonce dans un rôle de trublion en même temps que ses publications s’enchainent. Son livre « Nicolas Pages », fut du reste récompensé par le Prix de Flore. 

Pendant sa période d’ombre, il s’exile à Douai, bien loin du Paris littéraire, redevenant Juge Administratif. Dépressif, il s’isole et ses deux derniers textes publiés chez Flammarion sont purement et simplement ignorés des médias. Il s’éteint par intoxication médicamenteuse accidentelle… ? la question reste en suspend !

J’ai senti dans le livre de Enault un admirateur, sans faille, qui tenait à réhabiliter un Dustan, méconnu, pudique dans ses émotions, timide, qui s’était fait une carapace de son image sulfureuse, et en jouait pour éviter d’avoir à se dévoiler. L’auteur, nous livre un récit émaillé de textes de Dustan, de références culturelles, de lettres et d’histoires qui étaient confidentielles jusqu’alors.

J'ai apprécié ce livre que j'ai trouvé intéressant et très bien documenté pour moi qui n'ai connu Dustan qu'au travers de quelques uns de ses livres et  par les "on dit", cette biographie a été la bienvenue pour me permettre de me faire ma propre idée.  

 

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Commentaires
A
J'ai un goût assez prononcé pour les auteurs sulfureux. Dustan fait partie de mes anciens mentors, extravagants et intimes à la fois dans leurs revendications. A la fois extrême , provocateur et fragile. Terriblement humain, en somme. Quand on n'a plus rien à perdre, on se jette à corps perdu dans des revendications qui nous tiennent à cœur. J'ai connu ça. Quand j'étais enfant, j'étais quelqu'un de très sérieux. Bon élève, lecteur assidu, danseur et féru de musique classique. Puis un jour, ce fut le crash dans ma vie : le viol. Une descente aux enfers s'est ensuivi pour moi pendant des années. Cocaine, chem sex et présomption du sida. Mais avec le recul je ne regrette pas par quoi je suis passé car je pense que les extrêmes que nous vivons (si on n'en meurt pas) nous poussent à devenir des génies qui agissent au-delà des frontières, des normes, de la bienséance étouffante. J'aimais aussi virginie despentes, dans le genre trash mais intelligente. On a besoin de gens comme dustan, même s'il fait partie d'une génération déglinguée qui osait tout. Maintenant, on a peur de tout et de tout le monde, on agresse verbalement parce qu'on est incapable de prendre le parti de l'humanité qui réside en chacun de nous. Je dis bravo à dustan d'avoir osé être lui-même dans une sorte d'innocence d'âme perdue. Il y a quelques années, je faisais ce genre de provocations, mais ça s'est retourné contre moi. Certains me prenaient pour un mec très talentueux, d'autres pour un crétin fini. La vérité est toute simple : ma provocation était là pour aller au-delà des préjugés. Ce qu'a fait dustan. J'aime toujours son odeur de soufre, halelouia :-)
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