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Dobro Pojalovat - Littérature LGBT
Dobro Pojalovat - Littérature LGBT

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8 juillet 2021

La vie Lente - Abdellah Taïa

La vie lente

Quatrième de couverture :

Dans la France d'après les attentats de 2015, Mounir, parisien homosexuel de 40 ans d'origine marocaine, vit dans une situation précaire. Il vient d'emménager rue de Turenne. Madame Marty, une vieille dame de 80, survit difficilement au-dessus de chez lui dans un minuscule studio.

L'amitié entre ces deux exclus de la République s'intensifie jusqu'au jour où elle vire au cauchemar. Les affronterments et les déchirements s'enchaînent. Excédée, madame Marty appelle la police. 

Antoine, le commissaire qui interroge Mounir, le soupçonne de liens avec les djihadistes. Mais Antoine existe-il vraiment ? Où passe la frontière entre le vrai et l'imaginaire ?

Un roman de rupture.

Editions : Seuil - ISBN : 978 2 02 142 183 5 - Broché : 267 pages - parution mars 2019 - Prix : 18 €

Mon avis : ChezVolodia

Tout commence par une banale histoire de nuisances sonores occasionnées par sa voisine du dessus, une vieille dame de 80ans, recluse dans son studio de 14m2. Dans un premier temps, il essaye de s'entendre avec Mme Marty sa bruyante voisine. Il lui explique les conséquences néfastes que ce bruit à sur sa santé. Madame Marty tout en s’excusant et en promettant de faire attention, lui fait comprendre que ce sont les bruits de la vie, de sa vie qu’il entend et qu’elle ne peut s’empêcher de vivre.

Malheureusement, au fil du temps, ces bruits récurrents finissent par faire perdre patience et la raison à Mounir. Il en vient à proférer des propos d’une grande violence envers Madame Marty qui prend peur et fait intervenir la police. Les relations avec les autres habitants de l’immeuble ne sont guère meilleures. Ceux-ci souhaitant le voir expulser car fauteur de troubles, et faisant tache dans cet immeuble bourgeois ou il est le seul Marocain. Il leur répond par message écrit ,d’une grande ambiguité, affiché dans le hall d’entrée.

L’auteur situe cette histoire dans l’année 2015, après l’attentat de Charlie Hebdo. Le climat de défiance engendré a durement été ressenti par Mounir, en tant que musulman.  Les hurlements adressés à Mme Marty, n’ont pour lui aucune valeur de menaces, ce sont simplement les mots d’une personne excédée par le manque de sommeil, et moyen d’expression ordinaire utilisé dans son pays d ’origine. Ils ne portent pas à conséquence.

A l‘arrivée de la police, après une perquistion et un interrogatoire en règle, ou il est considéré comme un éventuel terroriste, une éventuelle menace pour la sûreté de l’Etat, il est relâché faute de preuves. Cette expérience lui fait prendre conscience que malgré ses études supérieures, son doctorat, son aisance financière, il reste pour la majorité de la population autochtone, l’étranger, celui qu’on peut humilier, mépriser, soupçonner, qui doit sans arrêt s’excuser pour tout et rien, qui ne peut se rebeller sous peine d’offusquer et/ou de passer pour mal éduqué. Lui l’émigré, qui ne peut et n’a le droit de ne rien dire. surtout s’il vient d’un pays considéré comme inférieur économiquement. Le dernier à compter à côté d’une native du pays dans lequel il a émigré.

Alors pour se retouver, il part en banlieue, La Défense, puis Nanterre et, la Cité Picasso, là ou il est susceptible de rencontrer des émigrés, des gens comme lui, qui ont une vie, un franc parler, des sentiments qu’ils peuvent exprimer naturellement, sans risque d’être jugés. Des personnes qu’il a lui-même regardé sans les voir.

Lors de ses pérégrinations il rencontre Antoine, Policier, Marié, 3 enfants, qui n’assume pas son homosexualité, avec qui il aura une liaison sur 3 mois avant que celui- ci ne retourne à son épouse. Fiction ou réalité ? l’auteur nous laisse libre de l’imaginer.

J’ai beaucoup aimé ce livre. Il souligne les frustrations et le sans-gêne pour ceux qui en sont victimes, et d’incompréhension, voire le je m’enfoutisme par ceux qui en sont la cause, et finissent par dégénérer en violences verbales et/ou physiques et se terminer par une haine réciproque.

II reflète bien, également, l’ambiance, le climat de suspicion envers les personnes émigrées, mais pas seulement musulmanes, certaines situations reflètent les conditions de vie et d’acceptation de celles-ci par les étrangers et souvent imposées et/ou sous entendues par les autochtones.

Mon ressenti : Indiangay

Abdellah Taïa est un auteur qui écrit bien, avec intelligence mais également avec son coeur. Ses livres sont souvent le reflet de l'actualité présente ou passé. A travers ses livres se révèle une sensibilité que l'on pourrait qualifier d'exacerbée. Il me fait penser à d'autres auteurs qui ont le don de mettre les émotions de l'âme humaine en exergue, tels : René de Ceccatty, Philippe Besson. Même si les thèmes exploités sont différents, ils se rejoignent sur ce point.

Pour le bruit, je rejoins Volodia, c'est insupportable lorsqu'il se reproduit jour après jour et sans discontinuer. Lorsque vous avez épuisé toute votre énergie à le combattre à l'amiable ; il arrive un moment ou excédé par le manque de sommeil, le sans gêne de ceux qui en sont la cause, vous fait "péter un plomb", et envisager un moyen de rétorsion peu importe qui en sera la victime.

Quant au fait d'être considéré comme citoyen de seconde zone, c'est bien réel. Que vous soyez un français par delà les mers (antilles, anciennes colonies, comptoirs) reste que vous n'êtes pas né là ou vous vivez, et que vous le payez chaque jour que Dieu fait par toutes sortes de mesquineries. A vous d'avoir la force de les supporter si vous ne pouvez les oublier.

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Commentaires
A
Un roman moderne qui me parle un peu trop personnellement...
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  • Vous trouverez dans cette partie du blog les livres Gays, Lesbiens, et Trans qui ont été lus et vus par mon compagnon et moi-même, ainsi que nos impressions qui valent ce qu'elles valent étant amateurs de bouquins et non critiques littéraires
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