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Dobro Pojalovat - Littérature LGBT
Dobro Pojalovat - Littérature LGBT

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27 avril 2014

L'enfant criminel de Jean Genet

l'enfant criminelQuatrième de couverture :

"Que l'on veuille bien comprendre , et l'excuser, mon émotion, quand je dois exposer une aventure qui fut aussi la mienne. Au mystère que vous êtes il me faut opposer, et le dévoiler, le mystère des bagnes d'enfants.

Epars dans la campagne française, souvent dans la plus élégante, il est quelques lieux qui n'ont pas fini de me fasciner. Ce sont les maisons de correction dont le titre officiel et trop poli est maintenant : "Patronage de relèvement moral centre de rééducation, maison de redressement de l'enfance délinquante, etc.".

 

Mot de l'éditeur :

Interdit de diffusion à la Radio française, L'enfant criminel appartient à la première période de l'oeuvre de Jean Genet, celle pendant laquelle il écrivit ses quatre romans, ses poèmes et ses premières pièces de théâtre. Nous le rééditons avec les deux photographies qui figuraient dans l'édition originale de 1949 et une note retraçant le contexte dans lequel il fut écrit, puis censuré et enfin publié.

 

Editions : L'arbalète Gallimard - ISBN : 978-2-07-014485-3 - Poche : 56 pages - Prix 7,90€

 

Mon avis : Volodia

Je n'ai pas aimé à ce livre, qui sous couvert de dénoncer l'hypocrisie de la société et sa morale bourgeoise, exalte le mal, la perversion, l'homosexualité, un certain érotisme pour ne pas parler de pornographie, à travers la célébration de personnages ambivalents au sein d'un monde interlope.

Dans ce livre Jean Genet se veut choquant. Il piétine toute morale et défit la société qui croit-il l'a rejeté mais dont il s'est exclu lui-même. Fugueur, puis voleur, prostitué travesti, puis mendiant, il connait toutes les prisons d'Europe.

Jean Genet n'a jamais surmonté le traumatisme d'avoir été abandonné et il n'aura pour cela de cesse de le faire payer la société. Pourtant l'Assistance Publique fait tout pour éviter l'exclusion sociale de ses pupilles. Son objectif est de leur donner des bases d'éducation, de les enraciner dans un région, un village par le biais d'un apprentissage professionnel dans l'agriculture, l'artisanat. Et Jean Genet a été plutôt privilégié en ce sens puisqu'il a pu faire de bonnes études primaires. Puis a été placé dans un lycée professionnel dont il a fugué aussitôt. 

Diagnostiqué, suite à cette fugue, par des psychiatres de l'hôpital Saint Anne, comme débile,  avec une instabilité mentale nécessitant une surveillance spéciale, il est envoyé dans la colonie agricole pénitentiaire de Mettray pour cause de vagabondage. A partir de là commence réellement l'exclusion sociale. Il se retrouve immergé dans un univers de violence. Il s'engage dans l'armée, puis déserte, puis après des années d'errance se clochardise, vols et prison dès 1930.

L'assistance publique et la colonie agricole conçue par la Troisième République pour intégrer les enfants en déshérence, à fabriquer d'honnêtes citoyens ont montré un tout autre visage : la stigmatisation.  Car la France de 1930, cette mère secourable considère le vagabondage comme un délit, la pauvreté un crime l'homosexualité une perversion, l'illégitimité une tare de naissance.

Si son enfance a été difficile, elle n'a pas été dramatique au regard de ce que d'autres enfants abandonnés ont subi (le faim, le froid, le placement très jeunes comme valet de ferme, etc...) . Il a choisi la facilité du crime et s'en est glorifié.....Plus encore que son choix, je ne peux adhérer à sa vision des choses, et ce malgré tout son talent d'écrivain basé sur ces expériences vécues et revendiquées.

 

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4 avril 2014

En finir avec Eddy Bellegueule

Eddy bellegueuleQuatrième de couverture :

"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je ne n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait.

Je suis allé dans les champs, j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraicheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici".

En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite, j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.

 

Editions : du Seuil - ISBN : 9 782021 117707 - Broché 220 pages - Prix 17 euros.

 

 

Mon avis : Volodia

Ce livre soit on l'aime, soit on le déteste. Mais en aucun cas, il ne peut laisser indifférent ou faire place à un sentiment mitigé. Pour ma part je l'ai aimé.

L'auteur indique sur la couverture "roman" mais à mon sens, il s'agirait plus d'une autobiographie romancée ce qui n'est pas tout à fait la même chose, car si certains faits peuvent paraître "exagérés", il n'en reste pas moins que le fonds sonne juste.

Edouard Louis nous envoie, en pleine figure, son enfance et son adolescence, passées dans un village de province, en l'occurence la Picardie, marqué par la misère sociale : la pauvreté matérielle bien sûr, mais surtout intellectuelle et morale.

Sa manière d'être qui dès l'enfance le démarque de sa famille et des autres garçons du village. Maniéré sans le vouloir,  faisant de grands gestes pour accompagner ses paroles, un déhanchement significatif lorsqu'il se meut le fait qualifier de "bizarre" avant d'être identifié comme "PD" par des camarades d'écoles.

Les parents complètement dépassés par leur fils et ne sachant comme s'y prendre lui font souvent des "remarques",  idem les copains, amis et relations dans le village. Seuls deux gamins de son école osent l'insulter et le maltraiter. Ce qu'il accepte comme un fatalité. Il attend du reste tous les jours, dans un couloir peu fréquenté de cette école, l'humiliation suprême, des coups, d'un crachat sur la manche de sa veste qu'il se devra de ravaler.

Ce livre écrit avec ses tripes a déchainé les passions, bonnes ou mauvaises, car il s'en dégage une force inattendue. C'est la révolte d'un jeune homme de 20 ans éructée avec toute la honte et la violence des humbles et des humiliés. Pas de temps de ménager la dignité des uns et des autres. Il fallait que cela sorte pour ne pas sombrer ni continuer à se mépriser.

Je pense toutefois que si Edouard avait écrit son livre quelques années plus tard, l'impact n'aurait pas été le même, car l'écriture aurait été toute autre. Il aurait eu le temps du recul, relativisé ses séances de tortures morales infligées par ses camarades. Il n'aurait pas eu l'audace, certainement par pudeur, de détailler ce "milieu" d'où il vient, ou l'ambition des hommes se résument à entrer à l'usine, comme leur père avant eux, celles des filles à être caissière au supermarché du coin. C'est également parce qu'il s'en est "sorti" en faisant des études qu'il s'est rendu compte de ce à quoi il avait échappé, et qu'il peut se permettre lui et pas un autre de le raconter.

Nous savons tous qu'il existe un monde à deux vitesses, fait de différences sociales plus ou moins importantes selon que l'on est de la ville, de la banlieue et/ou de la campagne, selon le bagage intellectuel et/ou l'éducation reçue. La différence sociale a toujours existé et existera toujours. Nous aimons en lire les descriptions, comme pour nous conforter dans nos opinions voire nos certitudes (notre côté voyeur sans doute),  mais ne voulons surtout pas la voir et encore moins la côtoyer de peur qu'elle nous contamine. Il est tellement plus facile de juger.

En lisant ce livre, je n'ai pu m'empêcher de penser que ce récit pouvait être appliqué partout dans le monde et dans n'importe qu'elle province.  Ici, Eddy était pris à partie car supposé homosexuel, mais il aurait pu être noir, juif, handicapé, le résultat aurait été identique, car malheureusement plus on vit dans un milieu bas intellectuellement (je ne dis pas pauvre financièrement, car cela n'a rien à voir) plus les gens sont primaires, méchants, à croire qu'ils font payer à plus malheureux qu'eux leur détresse personnelle.

Une remarque positive pourtant sur cette province, Eddy est entré lycée dans une ville de province où il a été de suite intégré, s'il avait vécu à Paris  ou était entré dans un lycée parisien, je ne suis pas convaincu qu'il aurait été accepté, non en raison de son homosexualité présumée, mais par mépris de la classe sociale d'où il venait.

 

Dobro Pojalovat - Littérature LGBT
  • Vous trouverez dans cette partie du blog les livres Gays, Lesbiens, et Trans qui ont été lus et vus par mon compagnon et moi-même, ainsi que nos impressions qui valent ce qu'elles valent étant amateurs de bouquins et non critiques littéraires
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