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Dobro Pojalovat - Littérature LGBT
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25 octobre 2012

Je bande donc je suis - Erik Remès

jE BANDE DONC JE SUISJe bande donc je suis est un de ces romans qui marque son époque. Récit d'une décennie, il se place d'emblée dans la texture des années 90, tant il évoque l'urgence, la quête individuelle de sens et la fragmentation du réel.

Mais s'agit-il vraiment d'un roman sur "la manière dont les pédés baisent entre eux" ? Assurément oui, de prime abord, mais très vite le lecteur se rend compte que le propos n'est pas si simple, ou du moins ne peut se réduire à la scrupuleuse comptabilité des milles et une façons dont un jeune gay aujourd'hui peut user et abuser de son corps.

L'auteur sait aussi qu'il ne fera pas l'économie de devoir se justifier sur la manière dont son héros aborde la sexualité au temps du sida. On le traitera d'irresponsable pour avoir mis en avant un personnage séropositif qui non seulement a des relations sexuelles non protégées, mais revendique même le désir du sexe sans précaution, en toute connaissance de ses conséquences.

Par-delà la mise en avant d'un certain mode de vie, l'auteur nous invite surtout à partager une recherche exigeante, celle de la connaissance de soi.

 

Editions : La musardine - ISBN : 978 2 84271 453 6 - Poche 245 pages - Prix : 8,70 €

 

Mon avis : Volodia

Le titre déjà fait scandale au point que je me suis demandé si j’allais lire ce livre ou bien le classer d’office dans les non « fréquentables ». Erik Rémès se veut choquant, et ne s’embarrasse pas de faux semblants et de fioritures. Les termes sont crus et efficaces, et le titre de son livre peut attirer les amateurs de livre de culs, soit en dégoûter les autres.

Dans ce livre, l’auteur met en scène l’histoire de Berlin Tintin, et Berlin Tintin se raconte, son enfance, son abandon, ses problèmes de genre, sa relation déjà bien affirmée au sexe, malgré son jeune âge (11 ans), et ses relations d’enfant déjà adulte avec des ouvriers maghrébins . Sa séroposité à 18 ans qui découle d’une trahison et sa tentative de suicide..; 

« A 19 ans alors que 15 000 cas de sida ont été recensés en France, et estimant qu’il n’a plus rien à perdre , il fonce, ailes déployées prêt à se consumer. Conscient d’être porteur VIH, mais voulant se sentir léger, recherchant comme tout jeune de 20 ans le plaisir, le plaisir de la chair, l’oubli, se vouloir « heureux coûte que coûte, être positif avant d’être séro-machin quelque chose », il hante les parcs, les toilettes publiques de la ville, s’enfonce dans les back rooms à la « recherche de sexes et de trous torrides ». Il se libère de cette honte d’être un pd, un enculé. Vivant dans le Marais, il n’a aucun problème pour draguer et trouver des partenaires; 

Il s’initie à toutes les pratiques et se livre à tous les excès pour oublier sa solitude pour se prouver à lui comme aux autres séronégatifs qu’il vit, pleinement conscient, mais affranchi de toutes les barrières morales. Il est libre d‘être différent. Il n‘est pas une statistique. Lui il est vivant. 

Ce qui choque dans son livre, à part le le titre, c’est qu’il ne met aucun tabou a décrire le « milieu gay » pas celui des gentilles folles dont la passion résident uniquement dans le paraître, mais également les endroits plus sombres de l’esprit et de la perversion humaine, dans les plaisirs Sado-maso avec tout ce que cela comporte de pratiques, et pour certains d’aversion. De risques assumés et acceptés pour beaucoup, la sécurité-santé étant sacrifiée sur l’autel des plaisirs physiques. 

Lorsqu’Erik Rémès a présenté son livre dans une émission télévisée d’Ardisson ou était également invité Didier Lestrade, et que ce dernier lui reprochait son apologie du bareback, et entre-autres, d’avoir contaminé sciemment ses partenaires, Rémès a répondu qu’il s’agissait d’un roman, et qu’il s’agissait pour lui de décrire la réalité du terrain afin de mieux s‘en préserver... Hum, je dois avouer qu’à la lecture de son livre, il m’est arrivé de douter, de me demander si je lisais une fiction ou une autobiographie romancée de la vie de l’auteur. 

Connaissant par leurs textes les deux auteurs et ayant rencontré physiquement et lui ayant parlé Didier Lestrade, il faut convenir que c’est un militant pur et dur, à grande gueule, qui ne fait aucune concession, à raison sans doute, puisque lui aussi séropositif. Je ne connais Erik Rémès pour l’instant que par deux trois livres que j’ai lu de lui, et par quelques contacts internet en tant qu’admirateur de ses peintures, et je dois avouer que j’ai été agréablement surpris. 

Sans m’attendre à un m’as-tu vu, je m’attendais à une personnalité plus marquée. Non qu’il n’en ait pas, j’ai juste été surpris par sa simplicité, sa discrétion, sa gentillesse et une certaine réserve sur sa vie privée que je n’imaginais pas. Tout cela fait que j’ai beaucoup de mal à l’imaginer percer des préservatifs pour contaminer sciemment ses partenaires. D’un autre côté, il dit fréquenter les endroits de dragues ou il « baise » sans préservatif…. Et de l’autre, il est marié et n’a pas contaminé son partenaire (même si depuis il a divorcé). Donc l’un serait-il un défouloir pour éviter de souiller l’autre ??? 

Bref, ce livre est intéressant à plus d’un titre, non seulement pour « naviguer » dans le monde de l’amour gay, mais également pour les interrogations qu’il soulève, à chacun de trouver les réponses à ce qu’il cherche. 

 

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